Regard sur une pédagogie d’hier et d’ailleurs : Freinet, quand tu nous inspires!
8 October 2015 - 8:15am
Dernièrement, j’ai fait cette constatation qui n’a pourtant rien de bien surprenant : être étudiante à la maitrise avec mémoire à temps plein demande de savoir jongler avec d’innombrables tâches et responsabilités! Parmi celles-ci, il y a ce que l’on appelle l’écriture du réputé mémoire! Rimant pour le moment avec élaboration de ma problématique, je fais inévitablement la lecture de mille et un ouvrages! Dans cette perspective, j’ai littéralement englouti le livre Naissance d’une pédagogie populaire écrit en 1969 par Élise Freinet, femme du pédagogue français Célestin Freinet (1896-1966). Considérant que les gens me demandent souvent – et avec raison – à quoi fait référence la pédagogie Freinet, laissez-moi vous présenter succinctement l’école comme cet homme la voyait et comme il la décrit si bien dans cet ouvrage.
Éclairage sur les fondements de la pédagogie Freinet
Célestin Freinet devient instituteur dans un petit village en France peu après la Première Guerre mondiale à laquelle il a participé. Blessé par balle à la poitrine lors de celle-ci, il ne peut se restreindre à parler de longues heures devant les élèves de sa classe d’âge primaire. En outre, chaque jour, son expérience le conduit à la même conclusion : « l’enseignement donné sous la forme traditionnelle qui exige de l’enfant une attitude passive et amorphe est un échec » (p. 21). C’est ainsi que Freinet intègre le mouvement de l’Éducation nouvelle qui, inspiré par certaines philosophes, l’amène à la qualifier de « moderne ».
La base de l’éducation selon Freinet est donc la pensée de l’enfant. « À observer l’enfant comme individu agissant, il [Freinet] en vient à cette constatation que la personnalité psychologique tout comme l’organisme défend son intégrité coûte que coûte; d’où la nécessité de découvrir l’intérêt profond de chaque individu et de suivre cet intérêt, de le nourrir pour lui conserver appétit et vigueur, et de le diriger pour qu’il soit bénéfique » (p.40). Par l’utilisation du terme « diriger », Freinet entend de mettre à la disposition des enfants des instruments d’instruction et d’éducation pour soutenir leur intérêt. Par exemple, pour ne résumer que l’essentiel de ses techniques basées sur l’expression libre des enfants, nommons le texte libre, le dessin libre, la correspondance interscolaire, le journal scolaire, les enquêtes et le tâtonnement expérimental.
L’objectif de la pédagogie Freinet est dès lors de faire de la classe un atelier. Dans son livre Pour l’école du peuple publié en 1969, Freinet énonce 10 principes généraux de l’école moderne, dont ceux-ci qui reflètent à mon avis le mieux la pédagogie : 1- « l’enfant développera au maximum sa personnalité au sein d’une communauté rationnelle qu’il sert et qui le sert » (p. 18); 5- « [l’école] s’organise[ra] pour aider les enfants à se réaliser par l’activité constructive » (p.20) et 7- l’école […] devra adapter non seulement ses locaux, ses programmes et ses horaires, mais aussi ses outils de travail et ses techniques aux conquêtes essentielles du progrès [de] notre époque » (p. 22). En somme, enseigner par l’entremise de la pédagogie Freinet, c’est penser l’école comme une continuation naturelle de la vie de famille et du milieu.
La classe Freinet du XXIe siècle
À l’instar de la classe inversée présentée par Alexandre Joly-Lavoie dans son dernier billet de blogue publié le 26 septembre dernier, la pédagogie Freinet se veut une technique alternative drôlement intéressante pour l’enseignement de l’univers social au primaire. Voici quelques idées à exploiter en classe et inspirées par cette pédagogie alternative.
D’une part, pour les élèves du premier cycle du primaire, il pourrait s’agir de visiter une ferme laitière pour rendre compte de l’interdépendance dans la satisfaction des besoins, de marcher dans le quartier de l’école pour repérer les éléments naturels et humains qui entourent les élèves au quotidien, de faire créer par les élèves le calendrier scolaire qui servira aux parents de la classe tout au long de l’année pour travailler les techniques relatives au temps ou de visiter un foyer pour personnes âgées permettant la discussion de leurs activités respectives.
D’autre part, pour ce qui a trait aux élèves des deuxièmes et troisièmes cycles du primaire, la visite d’une communauté autochtone pour aborder la société iroquoienne vers 1500, l’observation de documents iconographiques pour travailler les éléments qui ont eu une incidence sur l’aménagement du territoire de la société canadienne en Nouvelle-France vers 1745, l’observation d’artéfacts amenés par les élèves pour étudier la société québécoise vers 1905, l’élaboration de questionnaires pour interroger la population concernant la société québécoise entre 1900 et 1980 sans oublier la visite de musées pourraient être des avenues fascinantes!
Évidemment, je n’ai pas l’intention d’aborder l’ensemble des apprentissages à effectuer en univers social au primaire. Cette liste d’idées est plutôt le fruit de quelques-unes de mes réflexions faites à travers mes lectures et nul doute qu’elles sauront faire germer en certains de vous d’autres idées plus novatrices les unes des autres! Je termine ce billet en vous disant ceci : tout peut être source d’inspiration. Pour ma part, c’est la pédagogie Freinet qui m’inspire, c’est de penser que l’école est un lieu vivant où l’enfant s’épanouit et prend sa place dans la collectivité.
Vous, qu’est-ce que vous inspire?
Références
Freinet, C. (1969). Pour l’école du peuple. Paris, France : Maspero.
Freinet, E. (1969). Naissance d’une pédagogie populaire. Paris, France : Maspero.
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