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MSL 6512 / Retour sur les initiatives étudiantes pour une mise en valeur du patrimoine régional québécois (partie 1)

Posted by Philippe Denis
2 February 2016 - 4:41pm

L’année 2015 s’est effacée et je ne peux m’empêcher que d’en dresser le bilan. De ce dernier apparaît indéniablement quelques belles opportunités dont l’une concerne cette publication spéciale. Elle ne relève pas, je vous rassure, d’un attachement nostalgique pour le « bon vieux temps », mais d’une occasion. Celle qui m’a été offerte d’enseigner pour une première fois – souhaitons que ce ne soit pas la dernière – le séminaire Musées régionaux et tourisme culturel, aux étudiant(e)s à la maîtrise conjointe en muséologie de l’Université du Québec à Montréal et de l’Université de Montréal. Quel défi pour un candidat au doctorat et chargé de cours habitué à des problématiques et des notions qui se rapportent à la mode vestimentaire et à son patrimoine.

Devant cette nouvelle réalité, ces jeunes chercheur(e)s et moi nous sommes donc attelés à la tâche dans un esprit convivial et collégial, celle de définir par exemple, la place des musées en région dans le cadre des politiques de décentralisation et de régionalisation. Soutenus dans nos efforts par la direction des Études supérieures en muséologie de l’UQAM, nous visitions à l’occasion différents musées ou centres d’interprétation, afin de concrétiser, voire remettre en question, les notions magistrales exposées et développées en classe.

De l’Exporail, musée ferroviaire canadien (Saint-Constant, Montérégie), à une journée entière dédiée à l’offre touristique – Église paroissiale décorée par le peintre Ozias Leduc (1864-1955), Maison Paul-Émile Borduas, Musée des beaux-arts de Mont-Saint-Hilaire, Manoir Rouville-Campbell – du Mont-Saint-Hilaire (Montérégie), nous abordions aussi la vocation spécifique du musée régional et celle d’autres institutions comme outil de développement et de tourisme culturel. Et, lorsque les déplacements s’avéraient plus ardus, comme au Musée du ski des Laurentides (Saint-Sauveur, Laurentides), nous invitions les institutions.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Durant l’automne, nous avons donc constaté combien l’avancement de la modernité au Québec et les changements de gouvernements ont affecté le monde muséal et patrimonial. Comment les éléments du patrimoine matériel, immatériel et naturel sont aujourd’hui mis en valeur comme marqueurs identitaires locaux. Combien ils génèrent diverses retombées. Mais, pour arriver à les promouvoir par le biais de diverses institutions et d’initiatives culturelles, muséales et touristiques, connaître et reconnaître ce qui nous rend uniques face aux autres, devient essentiel. Devant ce constat, le mythe tenace que le patrimoine est une notion passéiste ne peut plus tenir. Cela est d’autant plus vrai, si nous en croyons le philosophe Gilles Lipovetsky, qu’il représente l’un des aspects de notre société hypermoderne.

« Plus nos sociétés sont vouées à un fonctionnement-mode focalisé sur le présent, plus elles s’accompagnent d’une vague mémorielle de fond. Les modernes voulaient faire table rase du passé, nous le réhabilitons ; l’idéal était de s’arracher aux traditions, elles regagnent une dignité sociale. […] [L]’hypermodernité n’est pas structurée par un présent absolu, elle l’est par un présent paradoxal, un présent qui ne cesse d’exhumer et de « redécourvrir » le passé. »

Ainsi, inspirés par l’initiative Muséomix, les étudiant(e)s devaient en équipe sélectionner préalablement un musée régional, un centre d’exposition ou un lieu d’interprétation. Puis, par le développement d’un projet qui s’inscrivait dans l’une des thématiques suivantes, « Communication et médiation », « Mise en valeur des collections » ou « Mise en valeur du lieu et de l’espace », ils et elles étaient invités à mettre en valeur une particularité et/ou un objet de cette institution, de manière à accentuer sa valeur patrimoniale matérielle, immatérielle ou naturelle, de même qu’à favoriser l’intérêt du tourisme. Et, dans un dernier temps, ils et elles devaient réfléchir sur les possibilités euristiques de leur travail.

Puisque pour y parvenir, une visite physique s’avérait essentielle, l’activité a donc été l’occasion parfaite pour établir de nouvelles relations de recherche avec ces institutions. Qu’elles soient remerciées pour le temps et la générosité qu’elles nous ont accordés.

  • Ainsi, Marine Holub et Annie-Claude Larocque se sont intéressées aux collections du Musée d’art de Joliette (Lanaudière), par le biais d’une mise en valeur numérique dans deux (2) cadres, extramuros et intramuros, de six (6) œuvres phares sélectionnées par l’institution.
  • Quant à l’équipe formée d’Isabelle Algrin, Ana-Maria Caloian et Laurence Côté-Lavoie, elle a échangé sur les possibilités qu’offre le site électronique actuel de la Maison amérindienne de Mont-Saint-Hilaire, quant à la mise en valeur du patrimoine matériel et immatériel des Premières Nations.
  • Finalement, les intérêts de Nancy Lemieux et Geneviève Roy, et de Samantha Gauvin et Myriam Mathieu-Bédard, se sont portés sur la Maison Paul-Émile Borduas.

Ne se limitant pas à l’unique définition du « lieu de mémoire » de l’historien Pierre Nora, la première équipe à poursuivit l’intégration du centre d’interprétation, en reprenant l’imaginaire qui est associé, les « lieux résiduels », au peintre automatiste Paul-Émile Borduas (1905-1960) et à l’écriture du manifeste du Refus global. Quant à la dernière équipe, ses efforts se sont portés vers la mise en valeur de l’unique exemple de l’œuvre architecturale de l’artiste, par la réalisation de capsules audio téléchargeables et dont l’écoute des textes démontrait une grande recherche préparatoire.

Aujourd’hui, la publication de quelques-unes des synthèses des travaux réalisés dans le cadre du séminaire Musées régionaux et tourisme culturel, permettra de conserver un souvenir de cette session, mais surtout l’opportunité d’exposer le fruit de leur labeur et de partager des questions importantes sur la mise en valeur du patrimoine régional.

RÉFÉRENCE

CHARLES, Sébastien, Gilles LIPOVETSKY, Les Temps hypermodernes, Paris, Éditions Grasset & Fasquelle, 2004, 125 pages.

Série de billet de blogue 

 

Mise en valeur des collections du Musée d'art de Joliette par la technologie

La Maison Paul-Émile Borduas : deux projets de mise en valeur