Les études patrimoniales : un domaine de recherche émergent (Christina Cameron)
Mon intérêt pour le patrimoine bâti a pris naissance dans mes cours d’histoire de l’art à la University of Toronto dans les années 1960. Par la suite, mes études aux cycles supérieurs (M. A. en histoire de l’art de la Brown University en 1970 et doctorat en histoire de l’architecture de l’Université Laval en 1983) ainsi que 36 ans à Parcs Canada ont nourri et renforcé mon enthousiasme pour ce vaste domaine qui rassemble l’histoire, l’archéologie, le paysage, l’architecture et tellement plus. Depuis 2005, lorsque j’ai accepté mon poste actuel à l’Université de Montréal, j’ai pu réfléchir à mon travail dans des lieux historiques au Canada et à l’étranger.
Au cours des années passées à Parcs Canada, j’ai mené activement des recherches, publiant et présentant des communications sur l’architecture canadienne, la gestion du patrimoine et le patrimoine mondial. Mes recherches universitaires, quant à elles, se sont tournées vers des études interdisciplinaires, lesquelles ont mené, par exemple, à une publication sur le patrimoine paysager et architectural du Campus de la montagne de l’Université de Montréal.
Entre 1990 et 2008, j’ai dirigé la délégation canadienne au Comité du patrimoine mondial de l’UNESCO, qui a mené à un important projet de recherche sur la Convention du patrimoine mondial de 1972. Le projet, entrepris en collaboration avec la chercheuse allemande Mechtild Rössler, Ph. D., analyse les archives historiques issues du travail de la Convention, et ce, afin de mettre en lumière l’évolution du système du patrimoine mondial et ses répercussions sur le monde. L’une des composantes essentielles, en lien avec le Projet des archives orales de l’UNESCO, prend la forme d’une série d’entrevues que nous avons dirigées auprès des pionniers de la Convention du patrimoine mondial. Conscientes de l’urgence de saisir les voix des personnes qui ont joué un rôle majeur dès le début de la Convention, nous avons enregistré des entrevues avec 40 participants avant que les souvenirs ne s’estompent et disparaissent. Celles-ci s’ajoutent à la littérature existante et à l’immense documentation issue des réunions statutaires ou des comités d’experts.
Les résultats de cette recherche seront bientôt publiés dans un livre coécrit avec la professeure Rössler, Many Voices, One Vision: The Early Years of the World Heritage Convention (Ashgate, 2013). En nous appuyant sur des publications universitaires, des thèses de doctorat inédites, des archives de l’UNESCO et d’autres archives, nous offrons la première étude complète sur les origines et les premiers pas de la Convention du patrimoine mondial. Dans le cadre d’une participation pratiquement universelle à cette Convention, ce livre se penche sur la façon dont la théorie et la pratique dans le cadre du patrimoine mondial ont été influencées par l’évolution des perceptions sur la nature même du patrimoine et par le progrès des approches scientifiques de la conservation. À travers des études de cas, il expose des incidents de politisation et de rivalités géopolitiques mondiales qui menacent de saper la vision confiante et les principes scientifiques qui ont mené à la création de la Convention du patrimoine mondial.
Naturellement, la recherche engendre la recherche. Les entrevues seront bientôt rendues disponibles pour les chercheurs et le projet se continue.
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