Les objets comme éléments de preuve (Linda Levstik)
Deux élèves de 7e année ont récemment décrit l’histoire enseignée à l’école comme « 15 sujets, les mêmes chaque année ». Selon ces élèves, l’histoire n’a « jamais [inclus] ce qui était arrivé aux pauvres ou même aux personnes se situant dans la moyenne… de la classe moyenne. » Une enquête pilote sur la vie de personnes d’un quartier historique ouvrier a changé tout cela et a permis à ma collègue et archéologue Gwynn Henderson et à moi-même d’étudier l’impact d’une étude archéologique sur la façon dont les élèves réfléchissent à la participation citoyenne d’hier et d’aujourd’hui.
Notre étude se base sur la même prémisse que mes travaux précédents, soit qu’une société démocratique repose en grande partie sur le niveau auquel ses membres exercent leur devoir individuel et collectif de manière informée, intelligente et humaine. Je considère l’enquête historique comme une préparation cruciale à une telle participation citoyenne, mais seulement dans la mesure où elle permet aux élèves d’examiner globalement ce qu’a pu représenter être une personne humaine manifestant de l’humanisme (ou de l’inhumanité) à travers le temps et les lieux. J’aime donc repousser les limites de ce qu’Ayer identifie comme « l’histoire réconfortante » dans son livre In the Presence of Mine Enemies: The Civil War in the Heart of America, 1859-1864 (Norton and Co., 2004). Par exemple en proposant un programme d’histoire visant à comprendre les racines historiques de dilemmes démocratiques, où les élèves étudient différentes réponses citoyennes à de tels dilemmes. Je ne vois pas cela souvent dans les écoles qui préconisent plutôt les examens.
Pourtant, cela pourrait être différent.
Dans certaines classes, les choses sont différentes et dans certaines de ces classes, l’archéologie offre un modèle d’enquête sur la vie de personnes généralement marginalisées. Mon travail avec Gwynn Henderson en constitue un bon exemple. Dans le cadre du projet pilote, Investigating Shelter: Shotgun House, un module d’enseignement du programme en sciences humaines, nous avons examiné comment des sources archéologiques et des sources textuelles plus traditionnelles pouvaient aider les élèves à mieux comprendre le facteur différentiel d’une telle participation citoyenne. Des élèves de 5e, 6e et 7e année, issus principalement de communautés rurales au statut socioéconomique relativement faible, ont mené une recherche sur le démantèlement du quartier Davis Bottom à Lexington, au Kentucky, le premier quartier intégré d’une ville avoisinante. Avant la démolition de ce quartier, des archéologues avaient recueilli autant d’éléments de preuve que possible du passé de la communauté. Les données archéologiques sur les bâtiments et les infrastructures, les témoignages oraux de citoyens de longue date de cette communauté et des données gouvernementales incluant des recensements et des cartes Sanborn ont permis d’ouvrir une fenêtre sur une histoire complexe tissée de problèmes touchant la race, les classes sociales, le développement urbain et le facteur humain.
Notre recherche précédente abordait la manière dont les études archéologiques pouvaient servir de base aux élèves pour réfléchir au passé lointain, le temps antérieur aux documents écrits. Celle-ci explorait plutôt la pertinence historique d’une communauté relativement contemporaine (de 1930 à aujourd’hui). Nous avons cherché à comprendre comment les élèves intègrent le facteur humain et collectif à l’étude d’un environnement bâti qui suggère la manière dont les résidents se sont adaptés à de sévères conditions économiques et sociales, et la façon dont ces conditions ont influencé les résidents. Au cours de l’étude, les élèves ont reconnu des éléments de leur propre vie et des problèmes de leur communauté qui ressemblaient à ceux observés à Davis Bottom. Certains nous ont dit comprendre la vie à Davis Bottom parce qu’eux aussi savaient comment « faire avec » des conditions économiques limitées. D’autres ont exprimé leur admiration pour une communauté qui semblait remarquablement bien intégrée, à tout le moins tel que le démontraient les comparaisons entre les cartes, les données de recensement et l’environnement bâti.
L’exploration d’une approche archéologique pour étudier le passé nous a permis de mettre à profit une ressource qui fait partie de la vie des élèves au quotidien. L’étude archéologique a mis en lumière une variété extraordinaire de vies ordinaires et a permis d’inclure le vécu des élèves dans cet ensemble historique. Mais l’élément le plus important se trouve peut-être dans le regard porté sur le chevauchement humain/objet qui a souligné une forte interaction entre l’intelligence, l’innovation et le facteur humain. Cette interaction a influencé la perception des évènements à l’époque, une perception dont l’écho résonne encore de nos jours. Comme un des élèves de 7e année l’a expliqué, les gens de Davis Bottom possédaient une excellente ressource, « LA plus importante », soit leur habileté à construire une communauté intégrée à l’ombre d’une ville où régnait la ségrégation.
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