Les guerres de l’histoire au Canada (Ruth Sandwell)
Au cours des dernières années, des débats intenses ont fait rage sur la nature et la raison d’être de l’histoire et de la pédagogie de l’histoire dans plusieurs pays, le tout généralement trempé dans un vitriol plus ou moins sociopolitique et accompagné de changements pédagogiques. Les débats sur la pédagogie de l’histoire, qui se manifestent généralement dans des contextes à saveur nationale, voire nationaliste, promettent généralement d’ouvrir de nouveaux horizons et d’apporter de nouvelles idées sur la nature et l’importance de l’enseignement de l’histoire. J’étais donc très heureuse lorsque Tony Taylor (Monash University, Melbourne, Australie) et Robert Guyver (University College Plymouth, RU) m’ont demandé de rédiger le chapitre canadien pour History Wars in the Classroom: A Global Perspective, une collection d’essais publiée sous leur direction. À partir d’entrevues menées avec des professionnels qui sont très engagés dans l’enseignement de l’histoire au Canada, mon chapitre s’inspire de la tradition orale pour explorer les visions et les objectifs qui ont inspiré ces professionnels qui cherchent à changer l’enseignement de l’histoire au Canada et pour examiner leur évaluation de ce qui a été réellement accompli au cours des « guerres de l’histoire » au Canada.
Tony Taylor et Robert Guyver ont expliqué aux contributeurs potentiels que l’objectif de la collection était d’étudier divers sujets qui se sont manifestés au cours des « guerres de l’histoire » dans plusieurs pays, notamment l’inclusion et l’identité (en particulier des groupes autochtones et d’autres appartenances ethniques), la culpabilité, le blâme, les grands récits patriotiques, le néo-conservatisme, et d’explorer leur relation aux programmes d’enseignement en histoire. « Il ne s’agit pas d’étudier uniquement les guerres (les débats), mais aussi les conséquences et les solutions (même les compromis) qui ont suivi (et les explications sous-jacentes) et d’y inclure des sections sur les facteurs politiques, idéologiques, pédagogiques et même historiographiques qui ont influencé les développements ». En plus du chapitre sur le Canada, la collection offrira des essais sur l’Afrique du Sud, l’Allemagne, l’Argentine, l’Australie, les États-Unis, la Grande-Bretagne, le Japon, la Nouvelle-Zélande et la Russie.
Plutôt que de tenter d’offrir une description scientifique et une analyse des guerres de l’histoire au Canada (ce que Penney Clark a réussi dans son introduction à une collection d’essais sur la pédagogie de l’histoire au Canada, New Possibilities for the Past: Shaping History Education in Canada, qui sera bientôt publiée), j’ai proposé que mon chapitre soit basé sur une série d’entrevues menées avec des spécialistes de l’histoire du Canada (des pédagogues, des historiens, des enseignants en histoire et des praticiens de l’histoire appliquée) qui ont été directement impliqués au cours des vingt dernières années dans les guerres de l’histoire au Canada. À partir d’entrevues menées à l’été 2010 avec ces 14 professionnels qui sont des participants et des observateurs avertis de la situation canadienne, le chapitre explore leurs réflexions quant à leur rôle dans ces discussions et aussi leurs impressions des plus grands débats sur la pédagogie de l’histoire au Canada. Quelles étaient la nature, la finalité et les conséquences des récentes discussions sur le sujet? Le chapitre inclut aussi des commentaires et des réflexions de deux relecteurs anonymes. Toutes les voix, à part la mienne, conservent leur anonymat.
“‘We were allowed to disagree, because we couldn’t agree on anything’: Seventeen Voices in the Canadian Debates Over History Education,” in Tony Taylor and Robert Guyver, eds., History Wars and the Classroom: a Global Perspective (Information Age, 2011).
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