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Éducation à la sexualité et cours d'histoire: est-ce possible?

Posted by Marie-Hélène Brunet
22 January 2014 - 8:03am

Récemment, dans le cadre d'un cours que je donne à l'UQO en pédagogie, j'ai eu l'occasion d'aborder le thème de l'éducation à la sexualité dans les écoles secondaires québécoises. 

Au moment d'entamer ma préparation de cours, j'en savais peu à l'exception que le cours que moi j'avais suivi au secondaire, FPS (formation personnelle et sociale) n'était plus au programme depuis la réforme. Je me suis donc demandé ce qu'il était advenu des cours d'éducation à la sexualité depuis. 

Pour faire court, le MELS a décidé, en 2001, en initiant graduellement la réforme à partir du primaire, d'aborder le contenu relié à la sexualité avec une nouvelle approche que l'on pourrait qualifier d'holistique. Dorénavant, les sujets touchant à la sexualité n'était plus le propre d'un cours en particulier, mais devaient s'intégrer aux différents cours à l'horaire tout en encourageant la participation des multiples acteurs du réseau scolaire (commission scolaire, directions d'écoles, infirmières, travailleurs sociaux, enseignants de toutes les matières confondues, etc.). L'approche avait aussi pour objectif de passer d'un contenu très négatif lié à la sexualité dans les anciens cours de FPS (dangers des ITSS et des grossesses adolescentes) à une approche plus positive centrée sur les relations humaines en lien avec la sexualité (voir Gouvernement du Québec, 2003).

Vous trouverez en référence le premier document publié par le MELS à l'époque (Gouvernement du Québec, 2003) ainsi qu'un complément datant de 2008. L'approche a eu ses réussites et ses ratés, mais globablement, elle n'a pas été appliquée à l'échelle prévue. Les enseignants se trouvaient souvent bien mal à l'aise (ou insuffisamment formés) face à ce contenu, ou encore, étant déjà préoccupés par l'étendue du contenu déjà à aborder dans leur matière, ne voyaient pas la possibilité d'intégrer ces questions à leur cours.

Il semble qu'un nouveau programme obligatoire soit présentement mis en place (Dion-Viens, 2010). Mais avant que les détails soient connus, il faut savoir que ces cours, qui seront probablement donnés par des sexologues ou des infirmières, ne signifient pas que le MELS abandonne l'approche holistique. Les différentes SAÉ présentes dans les documents ministériels en référence ainsi que sur ce site nous semblent particulièrement intéressantes. Et plusieurs de ces SAÉ intègrent d'ailleurs un volet pour le cours "histoire et éducation à la citoyenneté". 

La sexualité touchant énormément les différents aspects de la vie des adolescents, les sujets à aborder sont multiples: hypersexualisation (voir à ce sujet, ce rapport très intéressant), la culture du viol , l'accès à la pornographie et ses conséquences, les ITSS, la lutte à l'homophobie, les relations amoureuses, la pudeur, et j'en passe ! Selon nous, tous ces sujets peuvent trouver écho dans un cours d'histoire.

Notre objectif ici n'est pas de proposer une SAÉ complète, les documents cités et présentés dans ce texte pourront à ce titre vous fournir d'excellentes idées. L'idée est plutôt de partir d'un article sur publié récemment traitant, à l'aide d'images, des changements à travers le temps dans les jouets pour enfants, pour susciter les réactions des élèves.

L'image que vous voyez à droite date de 1981. Il s'agit d'une publicité de LEGO. En consultant l'article du Huffington Post, vous serez amenés à constater que la stratégie marketing de cette compagnie a considérablement changé depuis, se tournant dorénavant vers une différenciation marquée entre les sexes à l'aide d'une collection de LEGOS spécifiquement "pour filles". 

La question peut donc être lancée aux élèves: cette stratégie est-elle innocente? Les jouets pour enfants doivent-ils être spécifiquement associés à un des deux sexes? Quelles sont les conséquences sur les enfants?

De la même manière, le reste de l'article démontre qu'à travers le temps, les images des jeunes filles et des poupées présentes dans les émissions pour enfants se sont clairement "sexualisées". C'est l'occasion de réfléchir à l'hypersexualisation et à l'impact de ce type de modèle pour les jeunes filles.

Il s'agit là selon nous d'un bon point de départ pour aborder des questions essentielles reliées au sujet plus large de la sexualité à l'adolescence: les stéréotypes de genre et leur construction ainsi que l'hypersexualisation.

Et vous, avez-vous eu la chance d'expérimenter des activités dans vos classes d'histoire permettant à vos élèves de réfléchir à des aspects de la sexualité?

 

Références

Dion-Viens, Daphnée (2010, 8 décembre). Vers le retour des cours d'éducation sexuelle à l'école. Dans Le Soleil. Repéré à http://www.lapresse.ca/le-soleil/actualites/education/201012/08/01-4350495-vers-un-retour-des-cours-deducation-sexuelle-a-lecole.php

Gouvernement du Québec (2003). L'éducation à la sexualité dans le contexte de la réforme de l'éducation. Repéré à: http://publications.msss.gouv.qc.ca/acrobat/f/documentation/2003/sexualite.pdf

Gouvernement du Québec (2008). L'éducation à la sexualité en milieu scolaire. Oui, mais comment ? Repéré à: http://www.agencesante09.gouv.qc.ca/Admin/Document.aspx?id=842&lang=FR