Vingt questions… et les racines historiques du Canada contemporain (Michael Dawson)
Excusez-moi, mais… qui est Louis Riel et quel était son combat? Comment et pourquoi le Canada a-t-il établi l’État providence? À quel moment le Canada est-il devenu une société de consommation? Quelles sont les raisons qui expliquent le déclenchement des crises périodiques sur l’unité nationale au Canada? Et que nous apprend (bon Dieu) le magasinage du dimanche sur l’influence du christianisme au Canada? Ce sont là quelques-unes des questions qui occupent mon temps ces jours-ci. Mes réponses sont tirées en partie de mes recherches sur l’histoire du nationalisme, du régionalisme, du consumérisme et de la culture populaire au Canada. Les questions, par contre, proviennent des années pendant lesquelles j’ai enseigné les cours d’introduction à l’histoire canadienne.
J’ai aimé donner ces cours d’introduction, mais je n’ai jamais été totalement satisfait des résultats. Au cours des dernières années, j’ai cherché des moyens efficaces pour intéresser tous ces étudiants assis devant moi et parmi lesquels se retrouvent en général quelques étudiants en histoire, mais surtout un bon nombre qui étudient une autre discipline et qui aiment l’histoire sans la connaître, et ceux qui arrivent au cours sans un réel intérêt pour le sujet. Mon objectif n’a pas changé : aider tous ces étudiants à acquérir une compréhension de base de l’histoire du Canada et à devenir des citoyens mieux informés et plus productifs. J’ai finalement réalisé que l’utilisation d’un récit soutenu et global (donc assez dense) n’est peut-être pas l’approche la plus efficace pour atteindre cet objectif.
En 2007, j’ai commencé à réinventer ce qui était alors un cours d’introduction typique. Dans sa présente incarnation, The Historical Roots of Contemporary Canada s’écarte du modèle traditionnel échelonné sur 13 semaines, qui propose un récit en continu de 1867 à aujourd’hui. En début de session, j’utilise plutôt un nouveau logiciel assez sophistiqué sous forme d’historiogramme et des dispositifs de réponse (des éléments cliquables) pour résumer l’histoire canadienne en trois semaines. Les étudiants acquièrent une idée générale des développements politiques, sociaux et économiques et se familiarisent avec les évènements importants et un bon nombre d’acteurs et d’organismes influents. Les dix semaines suivantes sont consacrées à des cours thématiques qui fournissent des réponses à des questions semblables à celles données au début de ce texte. Ces cours thématiques abordent consciemment et directement la question de la pertinence contemporaine de l’histoire du Canada.
L’approche « traditionnelle » que j’utilisais auparavant fonctionnait bien, du moins lorsqu’il s’agissait de préparer et d’évaluer les cours. Mais mon instinct me disait que des récits plus courts et plus spécifiques qui, pour la plupart se donnent en un seul cours, pourraient davantage intéresser les étudiants. Dans le passé, je devais souvent faire des transitions maladroites d’un sujet à l’autre. Par exemple, je passais de la Crise d’octobre au Programme énergétique national (parce qu’ils avaient eu lieu à peu près au même moment dans la chronologie historique). Mes transitions tenaient un peu de la « pensée magique », comme « Vous vous souviendrez bien sûr que l’Ouest a un passé riche en griefs sur des enjeux tels que les tarifs douaniers et le contrôle fédéral sur les ressources naturelles… ». Maintenant je commence le cours en leur disant que les 80 prochaines minutes seront consacrées à tout ce qu’ils doivent savoir sur les origines et l’importance de la désaffection des provinces de l’Ouest. Nous parlons de la Crise d’octobre dans le contexte d’un cours sur le nationalisme canadien-français ou sur la « révolution en matière de droits » au Canada. Au final, les étudiants posent plus de questions, émettent plus de commentaires, et leur contenu est plus étoffé.
Par contre, j’ai dû abandonner (ou retravailler en profondeur) une grande partie des notes de cours que j’avais assemblées au fil des ans. J’ai aussi dû me plonger dans la lecture de livres, d’articles et de sources primaires que je n’avais pas encore trouvé le temps d’étudier. Bref, cette approche a donné un nouvel élan à mon enseignement de l’histoire canadienne. Mon but ultime est la publication du livre Vingt questions (et leurs réponses), corédigé avec Catherine Gidney, livre qui je l’espère séduira un vaste lectorat à l’extérieur du milieu universitaire, qui souhaite en apprendre plus sur les racines historiques du Canada contemporain, mais qui, comme la plupart de mes étudiants, hésite à plonger dans un récit qui s’étend sur 600 pages
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