Une recherche appliquée : faire de l’histoire à l’école Fox Creek (Carla Peck)
Susan Nobes, Ph. D., principale de l’école Fox Creek, en Alberta, m’a invitée à titre d’historienne en résidence pour une période de deux jours à l’automne 2009. Elle avait commandé trois trousses d’artéfacts (sur les Métis, sur le commerce de la fourrure et sur les Pieds-Noirs) du Glenbow Museum de Calgary, en Alberta, et j’avais apporté une trousse remplie d’artéfacts inuits de la bibliothèque de la University of Alberta ainsi que de vieux jouets que j’avais trouvés chez un antiquaire à Edmonton. J’ai conçu des leçons et des graphiques en espérant que le tout soit approprié pour des élèves du primaire qui apprennent les rudiments de la pensée historique.
Qu’est-ce que la pensée historique ?
Depuis des décennies, les réflexions se concentrent surtout sur la compréhension de l’histoire en termes de rappels des faits, c’est-à-dire sur ce que les élèves retiendront (ou oublieront) de leurs contacts avec l’histoire à l’école ou ailleurs. Cependant, la capacité de se souvenir ne nous apprend rien sur notre capacité (ou celle de nos élèves) à penser historiquement.
La nature unique de la discipline était aussi un facteur important d’un point de vue pédagogique. L’hypothèse selon laquelle des méthodes pédagogiques peuvent être conçues sans tenir compte du contenu ne résiste pas à un examen approfondi. En réalité, le contraire était (et reste) vrai. Les chercheurs en pédagogie de l’histoire demeurent persuadés que contenu et pédagogie vont de pair, car il est plus facile d’acquérir des connaissances historiques en faisant de l’histoire, c’est-à-dire en utilisant les outils de la discipline (ou des historiens) pour construire la connaissance historique.
Les pédagogues et les chercheurs qui travaillent dans le domaine de la compréhension historique ont esquissé plusieurs concepts qui sous-tendent la discipline, des concepts qui diffèrent de la substance de l’histoire (tels que révolution ou Seconde Guerre mondiale) et qui offrent plutôt un cadre d’étude du passé. Ces concepts incluent les éléments de preuve, la pertinence historique, la continuité et le changement, les causes et les conséquences, les points de vue historiques et la dimension morale de l’histoire. Depuis les quatre dernières années, je travaille dans le cadre d’un projet pancanadien, Les Repères de la pensée historique, et ces concepts ont prouvé leur efficacité à aider les enseignants et les élèves à mieux comprendre la nature de la recherche historique.
Les activités de classe
Pour les élèves de 1re et 2e années, j’avais apporté différents types de jouets et je leur ai demandé de chercher des indices qui pourraient indiquer quels jouets dataient d’il y a longtemps et lesquels dataient d’aujourd’hui. Pour les élèves de la 3e à la 6e année, j’ai utilisé des artéfacts du Glenbow Museum et de la University of Alberta pour établir les questions qu’on peut se poser à propos d’un artéfact dans le but de déterminer l’identité de la personne, du peuple ou de la société qui aurait pu utiliser ou créer cet objet. À la fin de chaque journée, je posais à tous les élèves une question qui permettait de relier le détail au général : en examinant ces jouets ou ces artéfacts, qu’est-ce qu’on peut apprendre sur [les garçons et les filles d’il y a longtemps, les Inuits, les Métis, le commerce de la fourrure...] ? Ce faisant, j’ai été capable d’aider les élèves à formuler sur le groupe et la période qu’ils avaient étudiés des généralisations basées sur des éléments de preuve qu’ils avaient réunis.
Conclusion
La compréhension historique, c’est plus qu’apprendre à penser comme un historien. C’est aussi la façon dont nous utilisons la connaissance historique pour comprendre comment les choses étaient, pourquoi elles sont devenues comme elles le sont maintenant et comment décider la forme que prendra notre avenir. À en juger par mon expérience à l’école Fox Creek, les élèves souhaitent vraiment faire de la recherche historique qui les amènera à repenser leur compréhension du passé. Une approche de la pensée historique utilisant des éléments de preuve et des artéfacts permet aux enseignants de répondre à cette demande et place l’apprentissage carrément entre les mains des élèves.
Le texte complet de cet article sera publié dans One World, la revue scientifique de la Alberta Teachers’ Association Social Studies Council à l’automne 2010.
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