Trouver des avenues pour intégrer la pensée historique dans les classes (Jill Colyer)
Le Projet de la pensée historique (2009-2014)
À titre de coordonnatrice nationale du Projet de la pensée historique (Projet) pendant cinq ans, je servais de pont entre la recherche sur la pensée historique, telle que conceptualisée par le professeur Peter Seixas et ses collègues du Centre for the Study of Historical Consciousness (CSHC) de la University of British Columbia, et la communauté scolaire canadienne. J’ai notamment travaillé avec les spécialistes du curriculum des ministères de l’éducation à travers le pays pendant la période de révision des programmes-cadres en sciences humaines et en histoire. J’ai aussi animé des sessions de perfectionnement professionnel (PP) à grande échelle destinées aux éducateurs et portant sur la façon d’intégrer les concepts de la pensée historique dans les pratiques d’enseignement et d’évaluation.
Le Projet était unique en ce sens qu’il utilisait la théorie et la recherche sur la meilleure façon d’apprendre l’histoire pour ensuite travailler à l’intégration de cette recherche dans les classes. Trop souvent, la recherche demeure à l’intérieur de la communauté scientifique sans avoir la possibilité de changer la pratique en classe.
Le 31 mars 2014, le financement fédéral pour le Projet et sa mission de développer la pensée historique des étudiants a été interrompu et le Projet a cessé ses activités. Depuis, Peter Seixas et le personnel du CSHC tiennent à jour le site web du Projet et continuent d’offrir des Instituts d’été pour les éducateurs. Cependant, les autres projets ont été mis en veilleuse jusqu’à ce que de nouvelles sources de financement soient trouvées.
La progression de l’intégration de la pensée historique (2014+)
On a craint pendant un moment que la fin du Projet retarde l’intégration de la pensée historique dans les classes à travers le Canada, mais ces craintes se sont généralement révélées sans fondement. L’adoption de la pensée historique dans les curriculums étant déjà chose faite dans six provinces, et le processus de révision ou d’adoption étant en cours dans deux autres, les fonctionnaires et les éducateurs de ces provinces et territoires pilotent maintenant la création de nouvelles ressources pédagogiques et de PP à l’intention des enseignants.
Au Manitoba, par exemple, l’adoption globale des concepts de la pensée historique dans les programmes-cadres de la 11e année en histoire du Canada a été suivie par la production d’un manuel d’histoire de 11e année et de ressources pédagogiques. Par ailleurs, le congrès de la Manitoba Social Sciences Teachers’ Association invite toujours des conférenciers travaillant avec la pensée historique au primaire et au secondaire ainsi que dans les expositions et les installations muséales.
Pour sa part, le ministère de l’Éducation de l’Ontario a adopté les concepts de la pensée historique dans les douze niveaux scolaires, ce qui veut dire que les élèves commencent à travailler avec les concepts dès la première année et développent une compréhension de plus en plus fine des concepts tout au long de leur parcours au primaire et au secondaire.
Quant à moi, je travaille comme consultante indépendante depuis le mois de mars. Tout comme le Projet constituait un pont entre la recherche en pensée historique et la pratique en classe, je continue de faire le lien entre la théorie qui sous-tend la pensée et la recherche disciplinaire et l’intégration du processus en classe. Je continue de travailler avec les maisons d’édition qui tentent de développer des ressources pour aider les élèves et les enseignants dans les classes, j’anime des ateliers de PP où j’aide les éducateurs à comprendre et à enseigner les concepts, et je donne les cours de qualifications additionnelles (QA) dans les facultés d’éducation qui utilisent les concepts de la pensée historique. En fait, l’Ordre des enseignantes et des enseignants de l’Ontario oblige l’enseignement des concepts dans tous les cours de QA en histoire en Ontario.
Pour le ministère de l’Éducation de l’Ontario, je travaille au développement d’une série d’exemples liés à l’enseignement et à l’apprentissage et qui traitent à la fois de l’intégration des systèmes de connaissances autochtones et des concepts disciplinaires dans les classes de sciences humaines et d’histoire. À partir de cet automne, ce travail portera sur l’évaluation de l’apprentissage et du rendement.
Je pense que le Projet représente un excellent modèle pour toutes les disciplines universitaires qui voudraient participer à l’intégration des meilleures pratiques d’enseignement et d’évaluation de leur discipline dans les classes. Au moins une autre discipline travaille à l’établissement d’un tel projet, mais il en faudrait d’autres afin de promouvoir le développement d’une culture d’exploration, de curiosité et d’approfondissement de la pensée dans les classes canadiennes.
Photo : Les participants de l’Institut d’été 2013 à Halifax à un site archéologique
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