L’histoire et son merveilleux potentiel pour faire une différence dans la vie des gens (Paul Zanazanian)
Comme pédagogue et chercheur en enseignement de l’histoire, je reconnais la bonté innée des humains et le grand potentiel dont ils disposent pour apporter des changements positifs à notre monde. L’attention, la curiosité et l’imagination sont au cœur de la création de lendemains meilleurs. J’essaie d’aider les autres à développer les structures mentales requises pour l’appropriation des outils pertinents à la pensée parce que je crois que les raisons pour justifier toute quête de changement peuvent toujours être mieux articulées et expliquées, tant au niveau critique qu’éthique.
Je suis donc grandement fasciné par l’idée de comprendre comment les humains donnent un sens au passé afin de comprendre le monde et d’y agir. Plus spécifiquement, je trouve passionnant de chercher à comprendre les mécanismes de la conscience historique et ses impacts sur la façon dont les humains construisent une réalité sociale afin de vivre leur vie. Ce qui me fascine le plus est de comprendre le comment et le pourquoi de l’histoire qui permettent aux individus d’alimenter leur identité et de jouer leur rôle dans le monde.
En ce moment, mes activités de recherche répondent à cet intérêt de deux façons, en particulier par l’étude des modèles utilisés par les acteurs sociaux pour donner un sens à l’histoire lorsqu’ils négocient les savoirs épistémologiques du monde dans des environnements pédagogiques formels et informels.
En premier lieu, j’étudie les rouages de la conscience historique qui alimentent les identités ethnoculturelles, citoyennes et nationales. Étant donné que je vis au Québec, j’ai d’abord abordé cette problématique en examinant les frontières structurant les groupes des nombreuses communautés de la province, incluant les communautés de descendance canadienne-française, canadienne-anglaise – dans l’ensemble de leurs diversités culturelles et linguistiques – et les communautés allophones.
En lien avec cet intérêt de recherche, j’ai obtenu récemment une subvention du Conseil de recherches en sciences humaines du Canada (CRSH) pour un projet intitulé Historical Consciousness and Community Education: How English-Speaking Community Leaders in Québec Make Sense of the Past for Fostering Community Vitality and Civic Engagement. Ce projet cherche à comprendre la conscience historique des leaders de la communauté anglophone du Québec et la façon dont cette conscience conditionne l’attitude sociale à partir de laquelle ils éduquent les membres de ce groupe à la vie citoyenne. Plus spécifiquement, le projet cherche à comprendre comment et pourquoi ces leaders, à titre d’éducateurs, font appel à des notions d’histoire pour revitaliser le Québec anglophone. Le projet aspire aussi à détecter ce qu’ils savent de l’histoire du Québec anglophone et du potentiel que représente l’enseignement de cette histoire aux membres de la communauté afin de rehausser la vie citoyenne.
En second lieu, mon travail cherche à mieux comprendre les façons dont les éducateurs utilisent leur conscience historique pour développer leur propre sens d’identité et de représentation professionnelle. Étant fasciné par la dynamique entourant le savoir-faire disciplinaire et didactique des enseignants, j’étudie présentement les diverses façons dont les futurs enseignants donnent un sens au passé dans le but de développer et de conceptualiser leurs philosophies pédagogiques et de visualiser des stratégies permettant de mettre ces concepts en pratique. Conséquemment, je cherche à évaluer l’impact des savoirs et de l’utilisation de l’histoire sur la manière dont ils négocient leur rôle et leurs responsabilités à titre de futurs praticiens et si ces savoirs les amènent à imaginer, goûter, espérer et même possiblement chercher de meilleurs lendemains.
En termes de résultats pédagogiques, je cherche à développer des stratégies démocratiques et inclusives d’enseignement de l’histoire afin de promouvoir une compréhension entre les groupes et un dialogue entre les différentes communautés québécoises (par exemple, entre les Anglophones et les Francophones). Comme premier exemple d’une stratégie ayant un potentiel de changement se trouve mon engagement à créer un manuel de références sur les diverses réalités et expériences des communautés anglo-québécoises. Ce manuel est destiné aux enseignants d’histoire de la province. Un autre exemple est la métaphore, l’histoire est un coffret de trésors, que j’ai conçue pour initier les enseignants et les étudiants aux nombreuses merveilles du passé à l’échelle personnelle, professionnelle, épistémologique et méthodologique, aux nombreuses possibilités que cette métaphore offre pour apporter des changements responsables et positifs, si jugés nécessaires, et à la capacité des enseignants et des étudiants de mieux justifier leur vision du monde et leurs principes, et ce, quelles que soient leurs perspectives. Il y a un grand besoin pour de tels outils pédagogiques en sciences humaines, tant au Québec qu’à l’extérieur, sans égard à la langue ou à l’identité.
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