L’histoire de l’éducation en Colombie-Britannique (Eric Damer)
Même si j’ai travaillé plusieurs années comme interprète historique pour des parcs et des musées, ma « conscience historique » ne s’est éveillée qu’un peu plus tard. Dans les années 1990, l’étudiant que j’étais n’avait pas d’argent pour la recherche. J’ai alors décidé de plonger dans des archives situées à proximité de mon lieu de résidence, soit celles de la University of British Columbia (UBC), où j’ai en quelque sorte vécu une épiphanie. Alors que j’assemblais le matériel requis pour rédiger mon premier article basé sur des sources, j’ai réalisé que l’histoire n’était pas qu’une « maudite liste d’évènements se suivant les uns après les autres », mais qu’il s’agissait plutôt d’une discussion pour tenter de comprendre qui a posé quel geste, pourquoi et les conséquences qui en ont découlé. Puisque ma recherche portait sur l’établissement d’enseignement où j’étais moi-même un étudiant, j’ai réalisé que les évènements qui parsèment l’histoire de l’éducation ne concernaient pas seulement d’autres personnes, mais qu’ils me concernaient personnellement. Ma recherche doctorale sur UBC a pris un caractère encore plus personnel lorsque, par hasard, j’ai découvert des renseignements sur mon père, un diplômé de l’établissement. De façon plus spécifique, j’ai commencé à réaliser à quel point le contexte familial peut jouer un rôle dans l’histoire de sa propre éducation.
Depuis ces années d’études, j’ai continué mes recherches sur l’histoire de l’éducation en Colombie-Britannique, en particulier sur l’histoire de UBC. Les gens sont souvent amusés, voire stupéfiés, lorsque je leur dis que je suis un « historien pigiste », mais c’est vrai! Bien que je fasse de la recherche, de la rédaction et de la révision pour plusieurs clients dans divers domaines, je demeure un étudiant en histoire de l’éducation.
Mon intérêt pour UBC répondait à deux objectifs majeurs. Le premier était de rattacher l’histoire de UBC à l’histoire sociale de la Colombie-Britannique en général. L’Université a été créée par la province et a été soumise aux intérêts des gouvernements en place et de leurs partisans. Le deuxième cherche à démontrer que UBC (tout comme d’autres universités, bien sûr) n’est pas qu’une simple porte tournante, un établissement produisant des diplômés sur demande. Le milieu universitaire abrite un environnement complexe et politique qui génère le succès comme l’échec, qui produit des héros et des victimes et toute la gamme pouvant s’intégrer entre ces extrémités. Nous devrions tous être intéressés par ce qui se passe à UBC et dans les autres universités. En préparant l’histoire du centenaire de UBC qui a été publiée récemment, j’ai éprouvé une certaine satisfaction à réviser l’histoire de son cinquantenaire (publiée en 1958), y modérant certains propos triomphalistes.
Après avoir enseigné à quelques reprises l’histoire de l’éducation à de futurs enseignants à UBC, j’ai remarqué qu’il y avait assez peu de travaux publiés traitant de l’influence de l’université sur l’ensemble du système scolaire. Comme mesure intérimaire, j’ai rédigé un court article sur la façon dont les premiers programmes de pédagogie à UBC correspondaient aux réformes « progressistes » de l’éducation des années 1920. L’article, qui sera publié dans British Columbia History sous la direction de Penney Clark, directrice de THEN/HiER, démontre que le nouveau programme répondait aux attentes des réformateurs soucieux d’efficacité qui avaient pour objectif d’utiliser les écoles pour créer une main-d’œuvre disciplinée, différenciée et déférente afin d’assurer une prospérité sociale et économique qui excluait les « faibles d’esprit ». Je travaille également avec un collègue sur un projet qui vise à mieux comprendre l’enseignement supérieur en Colombie-Britannique. Pour ce faire, nous faisons une recherche sur un collège fondé à New Westminster.
Mon intérêt pour l’éducation et l’histoire prendra une autre forme au mois de mars. J’animerai alors Writing Local History, un cours donné à l’éducation permanente de SFU. Le titre du cours et le verbe « animer » ont été choisis délibérément afin de souligner la nature pratique du cours qui vise à encourager les participants à créer l’histoire basée sur la preuve. L’accent ne sera pas mis sur ce que d’autres ont dit du passé, même si on doit tout de même inclure certaines références, mais portera plutôt sur ce que les participants pensent d’un aspect du passé. Le contenu inclura les sources menant à la preuve et l’organisation de cette preuve, les catégories de base, des perspectives et des débats théoriques, ainsi que des techniques pour mettre les mots sur papier ou à l’écran. À la fin du cours, j’espère que les participants auront non seulement amorcé leur recherche, mais qu'ils sauront apprécier la pertinence de l’histoire pour comprendre le présent et envisager l’avenir. Je ne connais aucun autre programme du genre offert dans la région métropolitaine de Vancouver. Ce sera une expérience intéressante!
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