"Les jeunes ne connaissent plus leur histoire" ... Vraiment? STOP aux idées reçues en éducation!

Dans un récent billet de blogue, Raphaël Gani présente ce qu'il appelle la "mise en scène d'une ignorance collective". Je vous invite à lire cet excellent article puisqu'il nous rappelle un élément fondamental de la pensée critique: il faut toujours garder ses distances face à des grands titres sensationnalistes. Ainsi, on entend souvent que "les jeunes ne connaissent pas leur histoire". Les journaux québécois en font souvent leur une, et cela influence même les décisions politiques des partis au pouvoir. Et pourtant... En fouillant la question, on s'aperçoit que la méthodologie utilisée lors de ces fameux sondages sur l'Histoire québécoise est fondamentalement défaillante.

Le monde de l'éducation en général est très souvent en proie aux idées reçues et les médias contribuent grandement à répandre des clichés, des généralisations et à en faire des vérités aux yeux de plusieurs commentateurs, politiciens et par ricochet auprès de nombreux citoyens.

Je discutais de cette situation avec mes étudiants au baccalauréat en enseignement secondaire. Sur le tableau, nous avons dressé une liste non-exhaustive et pourtant très longue de ces nombreuses idées reçues qui frappent le monde de l'éducation. Entendues dans les soupers de famille ou sur les ondes des grandes chaînes de télévision, ces idées reçues font mal au monde de l'enseignement et il faut les combattre. En voici quelques unes:

• Les enseignants travaillent peu d'heures et en plus, ils ont deux mois de vacances! Ils sont bien payés et ils ont plein d'avantages sociaux!
• Les élèves ne savent plus écrire. On ne leur apprend plus la dictée.
• On ne fait plus que des projets à l'école! Avec la réforme, il n'y a plus de connaissances et cela rend les jeunes paresseux.
• Les futurs enseignants ne savent pas lire ou écrire!
• L'enseignement est une vocation. La pédagogie est inutile!
• Les garçons sont meilleurs en mathématiques et en sciences. Les filles sont meilleures en français et en arts.

Reconnaissez-vous certaines de ces phrases? La liste est bien plus longue, malheureusement. Et pourtant, une analyse en profondeur de ces affirmations révèlent qu'elles sont fausses ou encore largement à nuancer. Pour cela, il faut d'abord toujours conserver un regard critique, aller lire la documentation scientifique disponible sur le sujet et remettre les pendules à l'heure. C'est le travail que j'ai proposé à mes étudiants. Je vous garderai au courant de leurs travaux lors de futurs billets de blogue!

Je vous recommande aussi la lecture de l'ouvrage Légendes pédagogiques de Normand Baillargeon où il s'attaque à de nombreuses idées reçues en éducation. Certaines de ces idées se retrouvent non seulement dans l'espace médiatique, mais aussi dans les facultés universitaires en éducation; ce professeur met particulièrement en garde contre toutes les "formules magiques" qui viendraient régler tous les problèmes avec l'aide d'une seule méthode dans les classes...

Il est vraiment temps de réfléchir en profondeur  à ce qui se dit sur le monde de l'éducation. Les stéréotypes qui courent et envahissent nos médias font beaucoup plus de tort que de bien. Ils alimentent le cynisme et le populisme. Une chose à garder en tête: restez vigilants face aux idées reçues en éducation! Informez-vous! Et lorsqu'il le faut, rappelez aux gens qui utilisent ce genre d'arguments sans fondement que la prudence et l'esprit critique sont de mise!

À lire: Baillargeon, N. (2013). Légendes pédagogiques. Montréal: Essai libre.