Histoire, éducation et le Nunavut (Heather E. McGregor)

À titre de nouvelle doctorante, j’ai d’abord documenté l’histoire de l’éducation au Nunavut pour ensuite étudier les récents progrès dans le domaine de la conscience historique et de l’histoire de l’éducation dans les écoles du Nunavut.

Durant mes travaux de maîtrise à l’Ontario Institute for Studies in Education, University of Toronto (OISE/UT), j’ai eu le privilège d’avoir Ruth Sandwell comme superviseure et mentor. Son cours sur « les guerres de l’histoire », qui m’a pour la première fois mise en contact avec les tendances changeantes en pédagogie de l’histoire canadienne, a éventuellement contribué à modeler les objectifs de ma recherche de doctorat. Toutefois, à l’époque, ma recherche consistait à recueillir les histoires peu connues de changement éducationnel en Arctique.

Grâce au soutien de la professeure Sandwell, ma recherche a conduit à la publication du livre Inuit Education and Schools in the Eastern Arctic (2010) chez UBC Press. Le livre offre un survol de l’histoire de l’éducation, commençant avec l’éducation inuite traditionnelle et retraçant jusqu’à aujourd’hui les changements dans les politiques, le curriculum, la pédagogie, la langue d’enseignement, le contenu culturel et la participation des parents. En mettant l’accent sur les thèmes de la négociation culturelle, du pouvoir décisionnel et du rôle de la tradition dans l’éducation, le livre vise à identifier les moments dans l’histoire où les approches en éducation reflétaient le mieux la culture et les traditions inuites et leur vision de l’avenir.

Il était important pour moi de retourner travailler au Nunavut après avoir étudié à Toronto pour approfondir mes intérêts de recherche. Comme coordonnatrice de la mise en place de la Loi sur l’éducation du Nunavut de 2008 pour le ministère de l’Éducation, j’ai pu mieux comprendre les défis que représentent le passage de la vision et de la politique vers les changements de pratique dans les écoles et dans les classes. J’ai également observé deux tendances : la difficulté à maintenir l’intérêt des élèves au niveau secondaire et une mobilisation croissante envers l’histoire dans les communautés qui se traduit par une nouvelle volonté d’explorer l’héritage d’un passé caractérisé par des changements traumatisants autant que par une remarquable résilience.

Je crois que c’est une occasion exceptionnelle de travailler avec les leaders de l’éducation au Nunavut pour découvrir, développer et mettre en place des initiatives visant à promouvoir les compétences de conscience historique et de pensée historique sous des formes qui sont pertinentes aux communautés inuites. Ma recherche doctorale, supervisée par Penney Clark et Peter Seixas, a pour objectif d’étudier la façon dont la pédagogie de l’histoire, transmise à travers le curriculum et les programmes de formation des enseignants, pourrait être améliorée et étendue afin de mieux refléter les recherches récentes sur les outils et les approches efficaces pour l’enseignement de l’histoire.

Mon temps est également occupé par deux petits projets de recherche : dresser le portrait de trois écoles au Nunavut afin de fournir les études de cas dans le cadre du projet subventionné par ArcticNet, Inuit Qaujimajatuqangit et la transformation de l’éducation de niveau secondaire au Nunavut, avec Fiona Walton comme chercheuse principale; et un article intitulé « Nunavut’s Education Act: Education, Legislation and Change in the Arctic » que j’ai soumis pour un prochain numéro de Historical Studies in Education, pour lequel Ruth Sandwell agit à titre de rédactrice en chef invitée et qui situe l’environnement éducationnel actuel dans le contexte et l’histoire du changement pédagogique.

C’est avec enthousiasme que je me joins à la communauté universitaire de UBC, plus particulièrement à travers ma collaboration avec le Centre for the Study of Historical Consciousness et THEN/HiER. Je remercie le Conseil de recherches en sciences humaines pour le soutien généreux accordé à ma recherche.