Ce qui nous amène à notre recherche et ce qui nous soutient (Penney Clark)
Voici le 67e d’une série d’aperçus de recherche publiée par THEN/HiER dans son bulletin mensuel, Les infos, et dans la section Membres à l’affiche de son site web. Chaque mois, j’ai toujours hâte de lire ces aperçus de recherche, car ils ouvrent une fenêtre non seulement sur les travaux des chercheurs, mais aussi sur ce qui les inspire. En effet, Christopher Dummitt nous a dit de « nous préparer à être surpris ». Margaret Conrad nous a révélé ses passions de recherche, nous affirmant aussi que « les historiens n’arrêtent jamais de faire de la recherche, ils trouvent simplement de nouveaux projets qui les inspirent ». Alan MacEachern nous a déclaré « J’aime ce que je fais » alors qu’Alan Sears nous a invité à examiner le rôle des liens personnels et des circonstances imprévues. Quant à Sirkka Ahonen, elle a décrit sa mission comme étant de trouver des moyens pour « éviter les discordes provoquées par le “double discours” historique ». Dans le chapitre qu’il a rédigé pour New Possibilities for the Past: Shaping History Education in Canada (UBC Press, 2011), l’historien Gerry Friesen décrit ses efforts pour instiller un sentiment d’émerveillement chez ses étudiants du premier cycle. C’est ce sentiment d’émerveillement qui, ultimement, soutient nos recherches.
Mon intérêt pour l’histoire de l’édition pédagogique au Canada a grandi au fil de mes expériences comme auteure de manuels scolaires et de guides pédagogiques pour diverses maisons d’édition. J’ai d’abord commencé à me questionner sur la relation entre le manuel scolaire comme produit commercial et sa place dans les classes comme moyen pour offrir une chance égale à tous les élèves. Cet intérêt a aussi été stimulé par le type de hasard auquel Alan Sears fait référence. En effet, Janet Friskney, du projet Histoire du livre et de l’imprimé au Canada, m’a entendue prononcer une communication en 2004 et par la suite j’ai été invitée à contribuer à ce projet. Tout s’est enchaîné à partir de là.
Ce sujet de recherche pourrait être déprimant, car en fait je documente la croissance et le déclin des maisons d’édition pédagogique canadiennes qui, inévitablement, ont toutes été achetées par des géants multinationaux de l’édition. (Voir Penney Clark et Wayne Knights. « ‘Fratricidal Warfare’: English-Canadian Textbook Publishers Take on the Americans, 1970-1980 », dans History of Education [2013]; et Penney Clark, « ‘A Precarious Enterprise’: A Case Study of Western Canadian Regional Educational Publishing, 1980-1989 », dans Historical Studies in Education [2013].) Cela reste néanmoins un sujet fascinant. Dans la conclusion de ce dernier article, je note que « cette étude de cas démontre que les manuels scolaires sont beaucoup plus que de simples instruments pédagogiques. Ce sont des artéfacts situés à un carrefour achalandé où culture, économie, politiques et pédagogie profèrent des jurons, actionnent leurs klaxons, montrent le poing et crient leur indignation haut et fort. L’édition pédagogique doit être négociée avec soin » (p. 22).
Mon travail en édition pédagogique s’insère dans le domaine de l’histoire de l’éducation, de même que mon travail sur l’histoire de l’enseignement de l’histoire au Canada. Il est encourageant de constater une augmentation de la recherche empirique sur la façon dont les enseignants enseignent l’histoire et dont les élèves l’apprennent. Les chercheurs travaillent sur des sujets tels l’utilisation de la technologie (par ex., le jeu, les environnements virtuels), l’enseignement avec les sources et l’évaluation de la progression des élèves en pensée historique et en conscience historique. À ce sujet, je vous invite à lire mon chapitre, « History Education Research in Canada: A Late Bloomer », dans Researching History Education: International Perspectives and Disciplinary Traditions (Wochenschau Verlag, 2014).
Mon autre domaine de recherche est la diffusion de la recherche plutôt que sa performance. Cela requiert une mobilisation des chercheurs liés à la pédagogie de l’histoire (l’enseignement et l’apprentissage de l’histoire dans divers milieux) dans le but d’informer les praticiens. Je suis directrice de l’organisme The History Education Network/Histoire et éducation en réseau (THEN/HiER) qui a reçu une subvention du programme Réseaux stratégiques de connaissances du CRSH. Notre réseau a joué un rôle déterminant pour faciliter le dialogue entre les enseignants, les didacticiens, les historiens et les muséologues. Il a créé des ponts par l’organisation de colloques et de conférences régionales, par la publication d’ouvrages collectifs, par la diffusion de ressources pédagogiques, par des projets sur le terrain à travers le pays et par des communications électroniques mensuelles. Son site web bilingue offre un pôle où se retrouvent les résultats de recherche et des occasions uniques pour débattre des incidences et des applications de ces résultats.
Une des réalisations de THEN/HiER dont je suis extrêmement fière est la publication de cinq ouvrages collectifs. Le premier ouvrage, dont j’ai supervisé l’édition, est New Possibilities for the Past. Ce vaste survol du domaine étudie les terrains contestés de l’historiographie canadienne et les débats sur la pédagogie de l’histoire au Canada anglais et au Québec ainsi que l’inclusion des perspectives autochtones. Cette monographie étudie les incidences de la recherche sur l’apprentissage de l’histoire dans divers environnements, dont les écoles du niveau maternel à la 12e année. Il y aura un sixième ouvrage, qui sera corédigé par Alan Sears et moi-même, et qui aura pour titre Historical F(r)ictions (titre de travail). Il traitera du rôle du domaine des arts en pédagogie de l’histoire, de son rôle potentiel ainsi que des façons dont les arts utilisent l’histoire.
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