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Blogue d’un enseignant en histoire : Troisième et quatrième cycles / 25 septembre au 21 octobre

Posted by Marc-André Lauzon
21 October 2013 - 3:20pm

L’apprentissage des dates qui ont marquées l’histoire du Canada (encore).

Comme il a été mentionné lors des derniers blogues, j’ai demandé à mes élèves de mémoriser et de réciter 16 dates. Voici, l’extrait de courriel que j’ai reçu.

« Je te suggère: pourquoi ne pas insister sur la pertinence historique des événements au fur et à mesure que les élèves les apprennent? Les dates seront mémorisées d'elles-mêmes. C'est comme demander aux élèves d'apprendre plein de formules mathématiques sur les aires des polygones sans qu'ils ne sachent ce qu'est un polygone ni une aire. Pour être retenu, une connaissance doit reposer sur quelque chose que l'on connait... On apprend sur ce que l'on connait déjà. »

Voici ma réponse :

  • Ma première intention pédagogique derrière cette mémorisation est d’écarter dès le début de l’année les confusions chronologiques entre les différentes périodes historiques.

 

  • Ma deuxième intention est de mettre l’accent sur des événements qui sont présents dans la progression des apprentissages. Ainsi, avec ces dates, je peux diviser le contenu en cause/conséquence et continuité/changement.

 

  • Pour ce qui est de la pertinence historique, opération intellectuelle de la pensée historique, elle reste mon intention ultime. À la fin de l’année, lorsqu’il sera le temps de préparer les élèves à l’examen final, les activités porteront sur la pertinence historique. À ce moment, je poserai la question : pourquoi l’Acte constitutionnel est important et en quoi il a marqué l’histoire du Canada ?

 

Pour ce qui est de « une connaissance doit reposer sur quelque chose que l’on connaît », je suis d’accord et je suis contre la mémorisation. Il y a un « mais ». Voici l’exemple de Billy (nom fictif). Lors de l’examen école sur les Premiers Occupants, les élèves ont dû répondre à des questions courtes basées sur le modèle du MELS, faire un réseau de concepts et analyser un document iconographique.

Voici les questions :

Première question :

 Le document 5 parle d’une société autochtone en particulier. Réponds aux questions suivantes.

A) De quelle société s’agit-il?

B) Comment appelle-t-on l’organisation sociale décrite dans le document?

Deuxième question :

À l’aide des documents 6 à 12, compare les modes de vie (Tableau comparatif entre Iroquoien et Algonquien)

Troisième question :

Analyse d’un document iconographique (Village Iroquoien)

Quatrième question :

Réseau de concepts avec tous les éléments.

Réponses de Billy

  • À la première question, Billy a bien identifié les Iroquoiens, le groupe demandé. Par contre, il n’a pas été capable d’identifier l’organisation sociale

 

  • À la deuxième question, Billy a bien divisé toutes les caractéristiques des Iroquoiens et des Algonquiens. Il a bien indiqué la caractéristique matriarcale des Iroquoiens

 

  • À la troisième question, Billy a bien analysé le document et dans les informations complémentaires, il a aussi bien indiqué la caractéristique matriarcale des Iroquoiens

 

  • À la quatrième question, Billy a très bien élaboré son réseau de concepts.

Alors pour quelle raison a-t-il été incapable de bien identifier l’organisation sociale ? J’ai rencontré l’élève et après lui avoir demandé les caractéristiques des familles linguistiques et des modes de vie, il m’a encore mentionné le caractère matriarcal des Iroquoiens, et ce, en me donnant des exemples. En lui présentant la réponse de son examen, il m’a dit qu’il ne savait pas ce qu’était une « organisation sociale ». Donc, Billy comprend le concept d’Iroquoien, il est capable de faire des liens et de bien les verbaliser. Malheureusement pour Billy, il ne connaissait pas le terme « organisation sociale ». Terme qui se trouvait dans les notes et dans le manuel. Ainsi, Billy a perdu des points pour une question de vocabulaire.

C’est un mot, un simple mot qui vient brouiller l’évaluation. Une connaissance qui vient m’empêcher de bien comprendre le problème de l’élève. Sans une évaluation triangulaire (questions courtes, analyse de documents et réseau de concepts), il m’aurait été impossible de saisir le degré de compréhension de l’élève et de lui donner une rétroaction pertinente. Seulement avec les questions courtes, comme dans l’examen du Mels, mon évaluation aurait été inutile, mais surtout pas fidèle à ce que je voulais évaluer.

Ce qui me fait revenir à la mémorisation des dates. Entre savoir ce que veut dire « organisation sociale » et la date de l’Acte constitutionnel, il n’y a aucune différence. Connaître une date c’est exactement la même chose que de connaître un mot de vocabulaire. Connaître la date de l’Acte constitutionnel est une question de mémorisation. Comprendre et expliquer les causes et les conséquences de l’Acte constitutionnel est celle de faire des liens entre les différentes connaissances. Il est possible de comprendre l’Acte constitutionnel, mais sans toutefois en connaître la date. Ne connaissant pas la date, il risque d’avoir confusion chronologique avec l’Acte de Québec et l’Acte d’union, voire même l’AANB. Lorsque l’élève aura la tâche de placer chronologiquement des documents, il pourra dans un premier temps identifier les concepts grâce à l’analyse, faire le lien avec un événement, puis connaissant la date de cet événement par cœur, le placer adéquatement sur la ligne du temps. Même si l’élève identifie les concepts, rien ne garantit qu’il puisse placer l’événement sur la ligne du temps.

De plus, une fois qu’il aura commencé à travailler les causes et les conséquences de l’Acte constitutionnel, l’élève aura déjà incorporé dans sa chronologie les événements qui y sont antérieurs et postérieurs. En ce moment, mes élèves connaissent par cœur tous les événements historiques importants des quatre périodes historiques. Nous sommes présentement dans le Régime français et je vois déjà un impact positif. Lors du premier cours, qui a consisté à présenter la colonie dans son ensemble chronologique, c’est-à-dire la colonie comptoir et la colonie de peuplement, les élèves, ayant comme connaissance le Gouvernement royal de 1663, ont rapidement saisi que le Gouvernement royal était une rupture (Comme l’ensemble des dates importantes). Plus important encore, en quelques brèves explications, ils ont fait le lien entre : (1) cause = Colonie-comptoir à (2) événement = Gouvernement royal  à (3) Conséquence = colonie de peuplement. Maintenant, à eux d’entrer dans les détails pour construire leur propre récit.

En bout de ligne qu’est-ce qui est le plus difficile pour un élève, analyser et faire des liens entre différents concepts historiques ou de savoir une date par cœur ? Qu’est-ce qui appartient à la pensée historique et qu’est-ce que nous voulons vraiment développer ? Pour ma part, c’est la pensée historique, mais en bout de ligne, mes élèves sont pris avec une évaluation du MELS qui ne reflète plus l’énoncé initial du PFEQ. Pour moi, il n’y a aucune différence entre savoir ce que veut dire un mot, connaître la règle du participe passé avec avoir, la formule pour trouver l’aire d’un cercle et connaître la date de l’Acte constitutionnel. S’il ne connaît pas la règle du participe passé, il ne pourra certainement pas l’appliquer. S’il ne connaît pas la formule pour trouver l’aire d’un cercle, il ne pourra jamais le trouver. Et s’il ne connaît pas la date de l’Acte constitutionnel, l’élève pourra difficilement placer en ordre chronologique. Juste un petit problème, lors des examens de mathématiques, les élèves ont le droit d’avoir une feuille avec les formules et en français, les élèves ont droit d’avoir un dictionnaire. Pourquoi, les élèves n’auraient-ils pas le droit d’avoir une ligne du temps en histoire ? Apprendre les dates par cœur n’est pas la seule solution, mais elle s’arrime avec le reste de ma stratégie pédagogique.

Examen sur les Premiers Occupants

Lors de l’Examen école, les élèves ont eu une moyenne de 89% avec un écart type de 9.71. La plus haute note est de 100% et la plus faible est de 67%.

Lors des premiers cours, j’ai présenté ma stratégie pédagogique aux élèves. J’ai mentionné qu’ils feraient des activités inhabituelles, mais ils ont embarqués et ils sont très motivés. Je n’ai eu aucun problème de gestion de classe et tous les élèves ont remis tous les travaux. Est-ce que j’ai un bon groupe et pour cette raison la gestion de classe est facile ou est-ce parce que mes activités les amènent à s’engager dans le processus ?  Je ne sais pas, qu’en pensez-vous ?

Les Premiers occupants est un module facile, mais les élèves me font maintenant confiance et sont conscients que ma stratégie pédagogique fonctionne. Je ne savais pas trop comment les remercier de m’avoir fait confiance. Je me disais qu’un simple merci n’était pas suffisant, alors j’ai cuisiné des cupcakes. Les élèves ont apprécié et personne n’est mort d’une allergie.

Régime Français

Voici la brève planification pour le Régime français.

Cours 1 – Introduction présent / passé + division de la colonie en deux périodes temporelles

Cours 2 – Colonie comptoir + Analyse d’un document écrit + Réseau de concepts + exercices

Cours 3 – Réseau de concepts pour réactiver les connaissances + Élaboration de plusieurs paragraphes (question longue)

Cours 4 - Colonie de peuplement + Analyse d’un document écrit + Réseau de concepts + exercices

Cours 5 – Réseau de concepts pour réactiver les connaissances + Élaboration de plusieurs paragraphes (question longue)

Cours 6 – Travail avec le dossier documentaire

Cours 7 – Travail avec le dossier documentaire

Cours 8 – L’exploration du territoire (Se mettre dans la peau d’un explorateur)

Cours 9 – L’exploration du territoire (Se mettre dans la peau d’un explorateur)

Cours 10 – Les ressources naturelles de la Nouvelle-France vs Le Québec d’aujourd’hui (Similitudes et différences)

Cours 11 – Les ressources naturelles de la Nouvelle-France vs Le Québec d’aujourd’hui (Similitudes et différences)

Cours 12 – Correction du cahier d’exercices / Retour sur Monkey Survey / Synthèse

Cours 13 - Examen

Lors du prochain blogue, je parlerai de l’activité de l’élaboration d’un texte et du dossier documentaire.