Délibérations et hiérarchies : Pouvoirs et contre-pouvoirs dans l’Église en France et au Québec au XIXe siècle, 26 avr
Délibérations et hiérarchies : Pouvoirs et contre-pouvoirs dans l’Église en France et au Québec au XIXe siècle
Université Concordia Local H-1120 (1455 de Maisonneuve O.)
26 avril 2013
Pour certains auteurs, la loi d’airain de toute organisation, c’est de secréter une oligarchie qui impose ses valeurs et ses intérêts sur l’assemblée qu’elle est censée représenter : il n’y a pas d’organisation sans, assez rapidement, la domination naturelle d’une clique qui joue des aspirations de la base pour assouvir ses ambitions.
On admet généralement cette prémisse en ce qui concerne l’Église catholique. Elle apparaît comme tout le contraire d’une démocratie, institutionnellement et idéologiquement. L’insistance sur la révélation, le dogme et la hiérarchie laisse peu de place à une conception délibérative de la vérité, pas plus qu’aux libres débats de fond sur les enjeux auxquels sont confrontées les sociétés. La centralisation romaine des derniers siècles, facilitée par les progrès des moyens de communication, n’a fait que renforcer cette image d’une institution intransigeante.
Pourtant, pour peu qu’on y regarde de près, il existe des espaces non négligeables de débats et de discussions dans l’Église, débats et discussions qui, s’ils n’ont pas pris une forme démocratique, n’en ont pas moins été parfois houleux et intenses. Il importe donc de comprendre le cadre délibératif dans lequel ces échanges ont pris place si l’on veut saisir la dynamique des changements qui affectent l’Église.
Deux pistes s’offrent à nous. D’une part, il s’agit de revenir sur le courant de pensée qui permet de conjuguer intransigeance et délibération. En particulier, il s’impose de dégager la tradition illibérale qui traverse la pensée occidentale. Alors qu’en Angleterre, la critique du pouvoir s’est appuyée sur une défense des libertés individuelles, en France, elle a plutôt invoqué la nécessité d’une rationalisation dont le pouvoir devait être l’acteur principal. Dans une telle conception, le principe libéral de protection des personnes et des biens ne prend pas assise sur le développement de procédures représentatives; il trouve un fondement suffisant dans l’édification d’un pouvoir « Un et Raisonnable ».
D’autre part, il faut analyser les mécanismes institutionnels qui permettent de circonscrire et moduler les débats dans l’Église. Que ce soit des délégations auprès du Saint-Siège ou des pétitions, des conciles ou des conférences et même les instituts de vie consacrée, les fidèles et les clercs disposent d’un nombre appréciable de moyens et de lieux pour faire entendre leurs points de vue. Un concept qui peut avoir ici son utilité, et qui n’a pas été encore appliqué à l’Église, est celui de « parti unique », une notion qui permet de mieux saisir les tendances qui affectent les organismes (État, syndicats, etc.) qui reposent sur l’indéfectible loyauté d’un groupe.
La journée d’études « Délibérations et hiérarchies. Pouvoirs et contre-pouvoirs dans l’Église au XIXe siècle » entend revenir sur ces questions en proposant quelques coups de sonde en France et au Québec. Plutôt que de plaquer l’opposition libéralisme/ultramontanisme ou démocratie/autoritarisme sur les réalités québécoises et françaises, la journée se veut une occasion de jeter un regard détaché et comparatif sur une institution qui, comme tout parti unique, tente de ménager des espaces de critique tout en préservant sans cesse l’autorité irréductible de la hiérarchie.
*** L'inscription au colloque est de 20$ et comprend le repas de midi. Prière de confirmer votre présence avant le 11 avril en écrivant à jphwarren@sympatico.ca
9h00-9h15 Accueil
9h15-9h30 Mot de bienvenue
9h30-10h30 Présentatrice : Catherine Foisy (University of Edinburgh)
Séverine Blenner-Michel (École des Chartes) Le pouvoir dans l’Église au XIXe siècle : réflexions pratiques et théoriques
10h30-10h45 Pause
10h45-11h45 Une élite du XIXe siècle : les évêques face au modèle romain au Québec et en France
Modérateur : Jean-Philippe Warren (Concordia) Guy Laperrière (Université de Sherbrooke)
Lucien Lemieux (Université de Montréal)
11h45-13h15 Dîner
13h15-14h15 Soumises et insoumises
Modératrice : Fernande Roy (UQAM)
René Hardy (Université du Québec à Trois-Rivières) Tessier et les Filles de Jésus lors de la création et de l’animation du site de Tavibois
Louise Bienvenue (Sherbrooke)
« Ma volonté, votre Grandeur, est d'être toujours votre fille soumise et dévouée ». Faut-il faire l'histoire des femmes obéissantes en 2013 ?
14h15-14h30 Pause
14h30-15h30 À distance de l’Église
Modérateur : Martin Pâquet (Université Laval) Ollivier Hubert (Université de Montréal) Les franco-protestants au milieu du 19e comme contestation de la hiérarchie catholique Catherine Foisy (University of Edinburgh) Loin des yeux, loin du cœur! Autorité et distance chez les Sœurs Missionnaires de Notre-Dame d'Afrique (1869-1900)
16h00-17h00 Visite du Musée des Hospitalières de l’Hôtel-Dieu
*** L'inscription au colloque est de 20$ et comprend le repas de midi. Prière de confirmer votre présence avant le 11 avril en écrivant à jphwarren@sympatico.ca
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Jean-Philippe Warren (jphwarren@sympatico.ca) Concordia University Research Chair on the Study of Quebec (Tier 2) Department of Sociology and Anthropology, Faculty of Arts and Science
Martin Pâquet
Professeur titulaire, Université Laval
Titulaire de la Chaire pour le développement de la recherche sur la culture d'expression française en Amérique du Nord (CEFAN) Martin.Paquet@hst.ulaval.ca