Vous avez dit historique ?
15 March 2013 - 3:19pm
Je pense qu’il est inutile de démonter l’engouement pour les films hollywoodiens à gros budgets. Il suffit de regarder les films à succès dans les cinémas pour réaliser quels films sont les plus vus. Ceci dit, il est intéressant de s’interroger sur la qualité de ces films surtout lorsqu’ils proposent des scénarios liés à des évènements historiques. Les différences d’interprétations sont encore plus inusitées, je pense notamment aux deux récents films traitant de Lincoln : Lincoln (2012) et Abraham Lincoln: Chasseur de vampires (2012).
Évidement ce dernier titre ne prétend aucunement à une interprétation historique rigoureuse (heureusement!), mais il est fascinant de remarquer ces scénarios aux antipodes alors que ces deux films traitent d’une figure historique importante de l’histoire américaine. Dans le premier, on y verra un Lincoln qui hésite entre terminer la guerre de Sécession ou abolir l’esclavage alors que, dans le second, on y verra un Lincoln qui sauve les États-Unis des esclavagistes/sudistes/vampires. La caricature du second film est évidemment forcée et l’interprétation du premier film traite de contradictions bien présentes dans certains discours de Lincoln.
Je ne tenterai pas de faire une critique sérieuse de ces deux films sur leur véracité historique, je ne suis pas spécialiste de l’histoire américaine. Toutefois, il est évident que Abraham Lincoln: Chasseur de vampires prend le plus de liberté. Ce qui m’inquiète davantage est comment les spectateurs reçoivent le message véhiculé par ces deux films (comme par exemple le sujet de mon autre billet sur les jeux vidéos). Associer les sudistes à des vampires qui utilisaient l’esclavage pour satisfaire leur soif est quelque peu fallacieux. De jeunes spectateurs pourraient encore une fois tomber dans le panneau manichéen de l’histoire si souvent répété : opposer les gentils aux méchants et construire des héros de toutes pièces. Je ne tente pas de défendre les esclavagistes, mais proposer une interprétation aussi simpliste, pour des raisons divertissantes, est tout simplement éloignée de concevoir l’histoire de manière complexe. Par contre, je crois aussi que ces deux films feraient tout à fait l’objet d’un visionnement partiel en classe d’histoire et surtout serviraient à analyser leur message véhiculé. Si ce n’est pas en classe que les jeunes l'expérimenteront, ce n’est certainement pas dans les médias hollywoodiens qu'ils l’apprendront!