Les sources cléricales de la laïcité publique au Québec
Selon toute apparence, la Charte des valeurs québécoises retiendra l’attention des élus cet automne. Et il semble bien que le nœud du problème repose dans l’article qui traite des signes ostentatoires des employé-e-s de l’appareil étatique et paraétatique (écoles, hôpitaux, CEGEP, universités, etc.). On ne s’étonnera pas de ce que la lutte pour la laïcité publique ait des racines fort anciennes au Québec et qu’il se soit trouvé, parmi les catholiques des XIXe et XXe siècles, des laïques[1] plus hardis qui aient souhaité que l’Église manifeste sa présence au monde de manière moins oppressante. Ne pensons qu’aux querelles entre catholiques libéraux et ultramontains durant la seconde moitié du XIXe ou, sur un registre plus radical, aux vilipendes anticléricales des T-D Bouchard, Eugène L’Heureux ou Jean-Charles Harvey au siècle suivant. En revanche, on sera peut-être surpris d’apprendre que l’idée d’un espace public déconfessionnalisé revient notamment à des hommes d’Église.