Des patriotes au goût du jour
Pour sa dixième édition, la Journée nationale des Patriotes se met à l’heure de la République. Avec ce thème, le Mouvement national des Québécoises et Québécois a choisi de souligner le 175e anniversaire de l’éphémère proclamation de la République du Bas-Canada survenue lors de la seconde rébellion de 1838. Certes, l’occasion est belle. Pendant que le reste du Canada célèbre la Fête de la Reine, ou le Victoria Day, les Québécois sont invités à commémorer leur « tradition républicaine » et à marcher, au son du slogan « Le Québec demain, sera républicain », derrière une bannière réclamant l’abolition du poste de lieutenant-gouverneur. Il ne fait aucun doute que les marcheurs du 20 mai vont considérablement gonfler les rangs de la petite phalange d’abolitionnistes qui manifestaient contre la monarchie en brandissant carrés rouges, fleurdelisés et tricolores à la face de James Wolfe sur les Plaines d’Abraham le 29 mars dernier. À Montréal comme à Québec, ces manifestations expriment néanmoins un même courant de contestation des institutions monarchiques qui se fait de plus en plus présent au Québec. Parallèlement, dans le reste du Canada, les célébrations du jubilé de Diamant, le mariage princier et l’engouement du Premier ministre Harper envers les symboles renforçant les liens avec la monarchie et la famille royale ne cessent de stimuler l’attachement à la Couronne. À n’en point douter, l’attitude face à la tradition monarchiste offre une autre manifestation des deux solitudes : pendant que sa popularité ne cesse de croître au Canada, il n’y a qu’au Québec que la tendance est à la baisse, et ce, depuis 2009.