Greenwashing de la conscience citoyenne ?
17 September 2012 - 10:56am
Le programme de formation de l’école québécoise a remis à jour l’intérêt d’une formation citoyenne par l’étude de l’histoire, des sociétés et de l’activité humaine. La question citoyenne à l’école n’est pas nouvelle, elle était déjà présente dans les programmes précédents et cette incessante mise à jour s’est déroulée dans plusieurs pays. Il faut noter aussi que de nombreuses fois ces changements ont créé des débats soutenus sur ce qui devait être enseigné ou non à l’école - l’exemple québécois (Bouvier, 2007; Cardin, 2010; Dagenais & Laville, 2007) en est d’ailleurs frappant, mais est loin d’être le seul.
Le développement de la conscience citoyenne est encouragé par le programme et passe par l’analyse de l’action humaine et du changement du lien social. En fait, les aptitudes au débat sont souhaitées comme nous l’indique une des composantes de la compétence citoyenne pour le second cycle : débattre d’enjeux de société (Ministère de l'Éducation du Loisir et du Sport, 2007, p. 24).
Nous pouvons nous attendre alors à une formation qui soit critique, ouverte sur autrui, éclairée par la connaissance historique et tendue vers la pluralité. Une phrase de Perrenoud m’a toujours fait réfléchir à ce sujet : « l’école est traversée par les mêmes contradictions que la société » (2003, p. 28). Or, il est évident que nos sociétés modernes sont aussi complexes que contradictoires. Un de ces exemples est le greenwashing.
Ce phénomène peut se traduire en français par de l’écoblanchiment et est communément défini comme le processus par lequel une entreprise, un organisme, un gouvernement ou autres, tend à embellir son image en tenant un discours écologique responsable, mais sans nécessairement transformer ses modes de production, de distribution et de ventes. C’est une guerre d’images, de marketing, à grands coups de campagnes publicitaires écologisantes.
Ce qui étonne le plus est que malgré nos objectifs de formation citoyenne, d’apprendre aux jeunes à être critique, à consommer de manière responsable, écologique, équitable, nos entreprises continuent de promouvoir une surconsommation généralisée qui est excusée par des campagnes de greenwashing.
Il est peu constructif de vouloir simplement pointer du doigt l’école, la société, la formation citoyenne effective, mais il reste que si nous pouvons léguer un héritage aux générations actuelles et futures c’est bien celui de penser et de proposer des solutions durables et responsables. Même si les discours écologiques et responsables sont tordus à des fins monétaires, il n’en faut pas moins en débattre et surtout éduquer afin d’identifier et de condamner des pratiques fallacieuses.
Je vous laisse par ces derniers mots qui ont inspirés ce blog et qui sont extraits d’une chanson de Tryo :
« On veut des lessives sans phosphates, des shampoings tout organiques
Et des forêts pour nos 4x4, du charbon dans nos cosmétiques
Des slogans abusifs, plus blanc que blanc, plus vert que vert
Mascarade écologique pendant qu’on s’shoote au nucléaire »
http://www.tryo.com/site/post/2012/04/10/Lyrics-Greenwashing-Tryo
Bouvier, F. (2007). Retour sur le projet de programme d'histoire "nationale" et son éducation à la citoyenneté. Revue d'histoire de l'Amérique française, 61 (2), 261-270.
Cardin, J.-F. (2010). Quebec’s New History Program and “la Nation”: A Commented Description of a Curriculum Implementation. Dans I. Nakou & I. Barca (Dir.), Contemporary Public Debates Over History Education (pp. 185-201). Charlotte, NC: Information Age Publishing.
Dagenais, M., & Laville, C. (2007). Le naufrage du projet de programme d'histoire "nationale": retour sur une occasion manquée accompagné de considérations sur l'éducation historique. Revue d'histoire de l'Amérique française, 60 (4), 517-550.
Ministère de l'Éducation du Loisir et du Sport (2007). Programme de formation de l'école québécoise. Enseignement secondaire deuxième cycle. Québec: Gouvernement du Québec.