Une nouvelle contribution en didactique de l'histoire au secondaire
27 December 2011 - 9:50am
Dans le cadre du Programme de doctorat en Éducation de l’UQAC en association avec l’UQÀM, un projet de recherche (ou alors une thèse) considéré comme une exigence partielle du programme a été réalisé. Cette thèse s’intéresse au processus de la transposition didactique du concept de citoyenneté en enseignement de l’histoire au premier cycle du secondaire. L’exploration et la réflexion s’inscrivent dans le contexte du renouveau pédagogique en vigueur au Québec où l’on a choisi d’arrimer l’éducation à la citoyenneté à l’enseignement de l’histoire. Le projet de jumelage de ces deux domaines de formation se base sur le postulat que l’histoire est un terrain fertile pour la formation à la pensée critique (Martineau, 1999). Bien que tous les domaines d’apprentissage aient le mandat de contribuer au développement de l’identité personnelle, sociale et culturelle de l’élève (MEQ, 2001), c’est aux enseignants d’histoire que revient prioritairement la tâche d’éduquer formellement à la citoyenneté. Cependant, les prescriptions du programme ne sont pas très claires quant aux dimensions de la citoyenneté à considérer et à la nature des liens à établir entre les contenus historiques et l’éducation à la citoyenneté. Les enseignants ont alors à sélectionner, à choisir et à décider des activités à proposer aux élèves. Cette recherche soulève la question de cet arrimage afin d’explorer les pratiques en développement dans ce domaine. La question de recherche est la suivante : comment le concept de citoyenneté est-il transposé dans la pratique par des enseignant(e)s d’histoire et éducation à la citoyenneté au premier cycle du secondaire ?
L’intention consiste à explorer les pratiques déployées par les enseignants pour cette mission renouvelée. Ainsi, les objectifs spécifiques sont au nombre de quatre à savoir :
- Décrire les pratiques déployées par les enseignants pour travailler le concept de citoyenneté ;
- Identifier les arguments didactiques liés à leurs choix des objets d’enseignement ;
- Selon le type de citoyen que l’enseignant veut former, analyser comment le concept de citoyen est transposé ;
- Identifier les contraintes internes et externes perçues par les enseignants dans l’opérationnalisation de leurs choix didactiques.
Le présent travail apporte un regard nouveau sur ce qui se fait dans les classes d’éducation à la citoyenneté. Son originalité méthodologique est de procéder par un regard croisé des pratiques déclarées et observées afin d’assurer une triangulation des données et une rigueur scientifique. La méthodologie relève de l’étude de cas multiples et elle combine plusieurs stratégies de collecte de données à l’intérieur d’une recherche qualitative. L’échantillon est composé de six enseignants d’histoire et éducation à la citoyenneté, tous des hommes ayant une expérience entre une et cinq années dans ce domaine. Quatre stratégies ont été mises à contribution pour collecter, trianguler et assurer la saturation des données. Les enseignants ont reçu un questionnaire autoadministré, ils ont été observés en action dans leur classe, puis ils ont été rencontrés en entrevue d’explicitation et finalement une analyse de quelques documents a été effectuée pour compléter et corroborer les pratiques déclarées.
Parmi les résultats, il ressort que les enseignants transposent les objets d’enseignement historique en objets d’éducation à la citoyenneté en fonction de leur vision contextuelle de leur milieu d’intervention. Ils privilégient la socialisation, le rapport au pouvoir et la participation au détriment du rapport critique à la réalité sociale. Enfin, l’ensemble des résultats a permis de tracer un portrait des pratiques en développement qui sera utile aux formateurs et aux concepteurs de programme afin de favoriser cet arrimage entre l’histoire et l’éducation à la citoyenneté.
Mots clés : Transposition didactique, citoyenneté, éducation à la citoyenneté, décision didactique, pratique enseignante, multiculturalisme, interculturalisme.