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Jeunes chercheurs en réseau : d’HiER à demain (partie 1)

Posted by Raphaël Gani
31 March 2016 - 9:19am

 

Ce billet fait suite à la tenue d'un séminaire organisé par Nathalie Popa et Raphaël Gani. Il visait à regrouper de jeunes chercheurs associés à THEN/HiER ainsi que leurs invités autour du thème "Jeunes chercheurs en réseau : d’HiER à demain". 

Par Catinca-Adriana Stan

Il m’a fait plaisir de participer au séminaire THEN/HiER et d’échanger avec des jeunes chercheurs comme moi autour de l’éducation et de l’histoire. Ayant fini mon doctorat depuis quelques années déjà  et fait un stage postdoctoral, je me sentais un peu une intruse parmi les gens qui étaient préoccupés, habités par leur thèse doctorale. Je me suis dit alors que la devise du réseau – d’hier à demain - pourrait s’appliquer non seulement pour l’étude de l’histoire, mais également en ce qui concerne la carrière d’un jeune chercheur, et que ce serait donc pertinent de faire voir ce qu’on peut faire après le doctorat, comment on nourrit, on développe, on valorise les compétences en recherche acquises durant le processus d’écriture de la thèse. L’intervention du professeur Paul Zanazanian, qui s’est remémoré ses débuts de carrière et a souligné l’importance de faire partie d’un réseau de chercheurs, m’a conforté dans mon choix de répondre à l’invitation chaleureuse que Raphaël Gani et Nathalie Popa m’avaient faite.  

J’ai choisi de présenter une analyse du programme d’histoire du secondaire, notamment en ce qui concerne l’éducation à la citoyenneté, qui semble avoir été écartée dans le nouveau programme, au profit d’une histoire évènementielle plus riche et plus étendue dans le temps, ayant en vue la nouvelle période qui s’ajoute, celle de 1980.

J’ai commencé ma présentation par une mise en contexte, à savoir la constante définition identitaire des Québécois par rapport à l’Autre, notamment les Anglophones. Ce souci à la fois d’imiter et de se démarquer, de souligner sa présence dans l’Histoire, est une tendance lourde qui trouve son reflet dans la succession des programmes d’histoire dite nationale. Je tenais à le dire même si c’est presque banal, puisqu’il me semble étonnant de voir, programme après programme, cette spécificité québécoise qui est d’étudier le territoire, plutôt que les gens qui l’habitaient, c’est-à-dire les sociétés et les groupes sociaux qui les composent.  Cela m’amène à mentionner un premier changement dans le nouveau programme : le renforcement de l’étude du territoire, notamment par la composante de la compétence 1 «Considérer des repères géographiques», qui demande de déterminer les limites du territoire ainsi que d’identifier les éléments naturels de même que des traces de l’occupation du territoire. On aurait pu croire que c’est une façon d’assurer une comparaison passé – présent concernant les transformations qui ont eu lieu sur le territoire. Or, le territoire lui-même sert de fil conducteur de l’histoire, faisant le lien entre les colons français et les Québécois d’aujourd’hui. Il m’apparaît alors que le local, l’étude des particularités du territoire, sert à imager le national, à assurer  «un contour à la nation et à la citoyenneté» (Rapport Beauchemin, 2013, p. 25).

Le deuxième changement que j’ai présenté concerne l’éducation à la citoyenneté, notamment l’élimination de la compétence 3, «Consolider l’exercice de sa citoyenneté à l’aide de l’histoire». Est-ce que cela veut dire qu’avec le nouveau programme on n’éduque plus à la citoyenneté ? Loin de là. L’histoire a ses propres moyens de former le citoyen, par les modèles d’agentivité qui viennent du passé, etc. Mais il s’agit moins d'une citoyenneté critique et réflexive, comme dans l’ancien programme. L’éducation à la citoyenneté se fait maintenant par l’entremise des grands personnages et surtout, par la façon dont l’histoire est racontée.  Ce changement de discours, que j’ai présenté par comparaison avec l’ancien programme, constitue, à mon avis, le changement le plus important qui s’opère dans le nouveau programme : il oriente l’interprétation du passé tout en valorisant une citoyenneté collective, civique, dans le sens étymologique du terme, une citoyenneté qui rejoint l’idéal de l’État-nation du XIXe siècle : une langue, un peuple (les Québécois), un territoire.