Becoming a History Teacher : un ouvrage incontournable en 2016
10 January 2016 - 12:39pm
Chaque jour, je me considère privilégiée de côtoyer des individus qui m’amènent à réfléchir, à me questionner, à critiquer, à confronter mes idées, à évoluer en tant que jeune chercheure. Certains de ces individus n’hésitent pas à me proposer des ouvrages susceptibles d’être dignes d’intérêt dans mon parcours. À ce propos, Raphaël Gani m’a récemment recommandé la lecture d’un ouvrage pour le moins fascinant que je tenais ici non pas à critiquer, mais à vous présenter : Becoming a History Teacher : Sustaining Practices in Historical Thinking and Knowing.
Trouvant son public cible à la fois chez les enseignants et les chercheurs en histoire, Becoming a History Teacher se veut la résultante d’un colloque tenu en avril 2011 grâce au financement de THEN/HiER. Édité par Ruth Sandwell (University of Toronto) et Amy von Heyking (University of Lethbridge), toutes deux professeures au sein de facultés d’éducation, l’ouvrage est en somme une étude complète et détaillée traitant de l’échec des départements d’histoire au Canada à enseigner les habiletés de base de la pensée historique à de futurs enseignants d’histoire en formation initiale. Sujet particulièrement d’actualité, je me devais de vous convaincre d’y plonger à votre tour tête première.
Je vous propose donc, dans un premier temps, une présentation de l’ouvrage dans son ensemble et de la problématique qu’il aborde. Dans un deuxième temps, c’est plutôt une appréciation personnelle d’un chapitre spécifique dont je vous ferai part et qui mérite à mon avis qu’on s’y attarde dans ce billet de blogue.
Une vue d’ensemble de l’ouvrage
Dès les premières pages, Becoming a History Teacher met le lecteur devant les faits. Depuis quelques années, une révolution de l’enseignement de l’histoire en Amérique du Nord a propulsé la pensée historique au premier plan. Cette nouvelle approche est pour plusieurs la promesse d’une compréhension plus riche et plus profonde de l’histoire. Elle est la solution permettant de faire définitivement un trait sur l’apprentissage dit « par cœur ». Néanmoins, croire qu’il peut être envisageable de passer aisément de la conception de l’enseignement de l’histoire comme étant la transmission directe et magistrale de faits et de dates à l’enseignement des rudiments de la pensée historique serait une utopie.
Selon certains auteurs de l’ouvrage, il semblerait en effet que les expériences des cours d’histoire que possèdent les futurs enseignants de cette même discipline ont modelé chez ces derniers « un solide cadre cognitif » selon lequel l’enseignement de l’histoire se résume à l’apprentissage « par cœur ». Qui plus est, force est d’admettre, qu’en formation initiale, un cours ou deux en didactique de l’histoire est loin d’être suffisant pour en arriver à modifier ce cadre cognitif fortement enraciné. Par conséquent, certains auteurs de l’ouvrage affirment la nécessité de repenser en profondeur la formation initiale des enseignants d’histoire pour modifier cette fausse représentation. L’ouvrage fait toutefois valoir que la solution ne réside pas exclusivement dans les facultés d’éducation…
Becoming a History Teacher relie théorie et pratique. Il permet de mieux comprendre l’enseignement de l’histoire et son apprentissage au Canada en plus d’envisager le tout de façon critique à travers les écrits d’historiens et de praticiens chevronnés dans ce domaine. Chacun des chapitres aborde une facette spécifique des changements ayant cours dans l’enseignement de l’histoire au Canada. À ce sujet, jetons un coup d’œil au chapitre de Brenda Trofanenko (University of Acadia) qui a particulièrement attiré mon attention en raison du fait qu’elle traite de l’enseignement de l’histoire dans une perspective non formelle de l’éducation.
Une vue spécifique de l’ouvrage
Dans le chapitre intitulé On the museum as a practised place : or, reconsidering museums and history education, Tofanenko explique comment des musées examinent la manière dont ils pourraient être plus réactifs à l’éducation, tout en conservant leurs mandats premiers de recherche, de collecte et d’affichage. De cette lancée, l’auteure fournit un historique de l’objectif éducatif des musées en admettant que ceux-ci n'aient pas été facilement atteints. Cette évolution du rôle des musées dans la promotion de la compréhension historique signifie qu’il faut reconsidérer les interactions entre les professeurs et le personnel des musées.
Ce chapitre propose aussi de bonifier la formation des enseignants, qui pourrait être soutenue par des musées d’histoire; ceux-ci devenant alors des sites de « travail frontière » pour améliorer la compréhension historique chez les futurs enseignants. À ce propos, Trofanenko indique que de plus en plus de chercheurs en didactique de l’histoire ont commencé à examiner la façon dont les musées peuvent être utiles pour comprendre le passé. Elle suggère pour sa part que les musées devraient amener les professeurs et leurs étudiants, futurs enseignants en histoire, à participer activement et de façon critique à l’analyse historique des expositions muséales qui sont souvent perçues par l’opinion publique comme étant dépositaires de LA vérité.
L’auteure invite en somme les professeurs d’histoire à tendre la main aux musées et à partager les responsabilités éducatives qui leur incombent. Quant à moi, c’est à cet ouvrage vous permettant d’être au fait des dernières avancées dans l’enseignement de l’histoire et son apprentissage au Canada que je vous invite à tendre la main.
Bonne lecture !