L'heureuse découverte de la conscience historique
23 September 2015 - 3:40pm
L’histoire est l’une de mes plus grandes passions, mais pendant longtemps il m’était difficile d’en connaître exactement la raison : d’abord, je suis incapable de raconter une histoire, ensuite, ma mémoire à long terme est totalement incompétente, et finalement, ma formation en histoire, du secondaire jusqu’à la fin de mon Baccalauréat spécialisé en histoire à l’Université de Montréal, m’a franchement déçue.
C’est en effectuant un échange étudiant à l’Université de Bologne en Italie que j’ai découvert une dimension de l’histoire qui m’était jusqu’alors inconnue : la conscience historique. Je m’étais inscrite à un cours sur l’histoire de l’université médiévale en Europe, mais à mon grand étonnement, c’est à l’extérieur de ce cours que j’ai le mieux saisi ce sujet. Que ce soit en visitant le sous-sol d’une église bénédictine, qui ne paie pas de mine, mais d’où émergèrent les premières organisations de maîtres et étudiants. Ou en marchant sous les fameuses arcades qui recouvrent la ville et offrent un abri optimal de la pluie, mais qui initialement servirent de résidence aux étudiants étrangers de plus en plus nombreux à fréquenter les écoles bolognaises. Ou en faisant mes lectures dans l’archigymnase de l’ancien siège de l’Université, dont les murs arborent fièrement le nom des grands docteurs marquants de son histoire, mais témoignent également de la destruction patrimoniale de la ville lors de la Seconde Guerre mondiale. Ou encore en reconnaissant un peu de moi-même dans les traits d’étudiants universitaires sculptés sur la tombe d’un des premiers maîtres du droit canonique, située dans la piazza que je devais traverser pour aller faire mes courses.
Étudier l’histoire, donc, ne signifiait pas seulement suivre un cours, lire des livres et mémoriser des faits, tel qu’on me l’avait enseigné. Pour moi, il y avait davantage d’intérêt à comprendre comment nous faisons l’expérience du temps, du changement, et de la mémoire. Comment, de manière individuelle et collective, nous pensons, représentons et racontons le passé, et comment cela nous sert pour donner un sens au temps et construire la réalité, afin de mieux se connaître soi-même, et agir dans le monde dans lequel nous vivons.
Suivant cette découverte, et pour mieux l’approfondir, j’ai effectué une Maîtrise à l’Université McGill en histoire intellectuelle et en théorie historique, sous la supervision de Dr. Nancy Partner, sur le lien entre le langage et la conscience historique chez un penseur humaniste de la Renaissance italienne. J’ai également eu l’occasion d’explorer l’aspect pratique de la chose et de m’intéresser à la didactique historique en tant qu’assistante de recherche pour l’étude de Dr. Paul Zanazanian sur la conscience historique des Anglophones au Québec en rapport avec l’éducation au sein de leur communauté.
Aujourd’hui, je commence un doctorat en études intégrées en éducation à l’Université McGill. Je m’interroge sur l’influence de la conscience historique dans le milieu universitaire nord-américain, plus particulièrement dans l’enseignement des humanités, des lettres et des sciences humaines, et plus précisément dans la manière dont les professeurs produisent et transmettent des discours, des représentations, et des savoirs portant sur le passé pour des fins éducationnelles. En tant que membre du comité étudiant de THEN-HiER, j’espère continuer à enrichir ma vision et mon appréhension de l’histoire.