(2 de 2) Nouveau programme d'histoire du Québec et Canada (PROVISOIRE)

Au Congrès 2014 de l’AQEUS, le MELS a présenté le programme provisoire du cours d’histoire du Québec et du Canada. Lors de mon dernier blogue, il a été question des grandes lignes et des deux nouvelles compétences disciplinaires. Aujourd'hui, il sera question des connaissances historiques du nouveau programme.

Une fois de plus, il s’agit d’un programme provisoire qui peut changer à tout moment. Je n’en ferai donc pas la critique.

Le programme de troisième secondaire

En ce moment, le programme de troisième secondaire semble être plutôt complet dans sa forme provisoire, alors que celui de quatrième secondaire est non existant. 

En tout et partout, le programme sera divisé en quatre réalités historiques. « L’expérience des Amérindiens dans le projet de la colonie », « L’émergence de la société sous l’autorité de la métropole française », « La conquête et le changement d’empire » et « Les revendications et les luttes nationales » (Mels, 2014, p18). Il a été mentionné que le point de rupture sera le Rapport Durham.

Les concepts de société, territoire, économie, pouvoir et culture seront abordés à travers les quatre réalités, ce qui est une continuité avec le programme actuel. De plus, les réalités auraient chacune des concepts précis.

Voici un petit tableau et comme vous verrez, il est possible de tisser des liens avec les programmes de troisième et de quatrième secondaire.

Les angles, les connaissances des réalités sociales

Les réalités sociales auront un élément central. Par exemple, la période allant de 1500 à 1608 sera « L’expérience des Amérindiens dans le projet de colonie » (Mels, 2014, p.18). La première compétence disciplinaire consistera à connaitre les éléments, les concepts, la chronologie ainsi que les repères géographiques qui caractérisent cette réalité historique. Pour sa part, la deuxième compétence disciplinaire amènera l’élève à expliquer la relation entre les Amérindiens les Français à travers la connaissance que les premiers occupants ont du territoire et comment cette connaissance a été favorable aux Français dans l’exploitation des ressources. 

Les connaissances pour les réalités sociales seront réorganisées sous la forme d’une grille de contenus de formation. Lors du congrès, il a été mentionné que le terme « Progression des apprentissages » serait abandonné. De plus, cette nouvelle grille de connaissances ne contiendra aucun verbe, et ce, contrairement au programme actuel. Par exemple « Mouvements migratoires à l’origine du peuplement du Nord-est de l’Amérique » (Mels, 2014, p.25) remplacera  « Décrire, selon la théorie des migrations asiatiques, des mouvements migratoires à l’origine du peuplement du nord-est de l’Amérique par les Premiers occupants : des nomades qui proviennent d’Asie empruntent le passage de la Béringie » (Mels, 2009, p. 26).

Maintenant, il ne reste qu’à voir la dite progression pour voir comment le troisième et quatrième secondaire actuels ont été réorganisés.

Mon grain de sel

Prenons un petit moment pour réfléchir au programme. Non pas aux compétences, non pas aux concepts centraux, ni aux connaissances voire même l’examen certificatif. Réfléchissez aux nombres de réalités : quatre réalités pour 80 périodes, alors que présentement, les enseignants en ont sept.

Comme enseignant, j’ai constaté que le taux de réussite en troisième secondaire est beaucoup plus élevé lorsqu’il est question des Premiers Occupants et de l’Émergence d’une société un Nouvelle-France. Même en quatrième secondaire, les questions portant sur ces deux réalités historiques sont mieux réussies. Toutefois, lorsque les élèves abordent les changements de la Conquête ainsi que les Constitutions de 1763 jusqu’à 1840, la situation est autre. Ce sont des sujets et des concepts qui sont particulièrement difficiles, et ce, même pour ceux qui les enseignent.

Pourquoi alors, est-ce que les deux premières réalités en troisième secondaire sont mieux réussies ? Au primaire, les élèves doivent aborder la société iroquoienne  vers 1500 et voir les concepts de sédentaire, d’aînés et du conseil (Mels, 2009). Les élèves doivent aussi aborder la société française en Nouvelle-France vers 1645 et 1745 à travers les réalités culturelle, politique et économique (Mels, 2009). Puis, au premier cycle du secondaire, la sédentarisation est aussi abordée, mais dans un autre contexte historique. Ainsi, les concepts de nomades et de sédentaires sont bien intégrés lorsque les élèves arrivent en troisième secondaire. Il en va de même pour la relation entre Français et Amérindiens en Nouvelle France ainsi que pour le moteur économique de la Nouvelle-France : la fourrure.

Et vous vous dites ceci : « Mais au primaire, il y aussi d’autres réalités qui sont abordées » ? Effectivement, mais il s’agit des réalités canadiennes vers 1820, 1905 et 1980. Donc, il n’y a rien qui porte sur la période historique allant de 1760 et 1791. Conséquemment, le temps d’enseignement, au primaire pour développer et acquérir certains concepts historiques qui sont de nature conflictuelle et politique rattachés au changement d’Empire, est inexistant, ce qui a un impact sur le bagage conceptuel de l’élève lorsqu’il arrive en troisième secondaire. Alors, ici, le mot clé est le temps d’enseignement.

Le temps d’enseignement, c’est aussi du temps de conceptualisation et d’intégration pour les élèves. Que vous soyez pour ou que vous soyez contre le nouveau programme, comprenez une chose, le temps d’enseignement est presque doublé. Vous voulez faire de l’actualité, de la conscience historique, de la conscience citoyenne, de la pensée historique, des projets, des mots croisés ou des cours magistraux de 75 minutes, vous aurez suffisamment de temps pour faire ce que vous voulez faire.

Enseignants du Québec, vous ne manquerez plus de temps et vous, oui vous, enseignants en quatrième secondaire : vous pourrez enseigner l’histoire contemporaine québécoise sans être pressés par le temps.