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« Fondements et pratiques de l'enseignement de l'histoire à l'école »

Posted by frédéric yelle
11 May 2014 - 8:57pm

Martineau, Robert. Fondements et pratiques de l’enseignement de l’histoire à l’école : traité de didactique. Montréal, Québec : PUQ. (2010). 324 p. 37.00 $ livre papier). ISBN : 978-2-7605-2503-0.

 

Organisation de l’ouvrage

Ce manuel, d’abord destiné aux enseignants en formation, mais aussi à ceux en contexte de pratique, est divisé en deux sections. La première est plus théorique et la seconde appliquée. En introduction, Martineau établit l’importance des liens entre les fondements théoriques de l’enseignement de l’histoire et la pratique enseignante. Après un bref survol des programmes d’histoire au Québec et de leur impact sur l’enseignement, l’auteur aborde les fondements épistémologiques de la discipline historique ainsi que les attentes sociales et le potentiel éducatifs en lien avec l’histoire scolaire. Pour Martineau, l’histoire n’est pas un simple vecteur identitaire dans la société. Il s’agit aussi d’un mode de lecture critique du monde et d’une conscience civique. La nature du rôle social de l’histoire a un impact inévitable sur notre histoire scolaire. Parmi celles qui sont abordées, notons la formation à la citoyenneté, l’historicisation de la démocratie, la construction de l’identité, l’ouverture à l’autre et le développement du sens critique. Si ces dimensions ne convergent pas nécessairement vers un seul objectif précis, elles demandent à être considérées lorsqu’on pense au rôle que l’on veut donner à l’apprentissage de l’histoire. Si d’un côté, les historiens ne sont plus les seuls porteurs de mémoires (pensons aux politologues, aux sociologues, mais aussi aux médias où la qualité de l’information est variable), les enseignants doivent donc se poser en éducateur plutôt qu’en vecteur de mémoire. Pour Martineau, il existe donc une certaine complémentarité et même, une forme de complicité sociale entre les enseignants d’histoire (axés sur les finalités éducatives et sociales énumérées ci-haut) et les historiens (davantage centré sur l’élaboration des contenus historiques) (p. 51).

La deuxième partie de l’ouvrage se centre sur l’acte d’enseigner et l’auteur y aborde les thèmes de la planification, de l’enseignement et de l’évaluation. Les visées de l’ouvrage sont ambitieuses, car explorer à la fois les fondements de l’histoire scientifique, ceux de l’histoire scolaire et les pratiques enseignantes tout en proposant des pistes concrètes d’intervention ne peut que contraindre à d’importants raccourcis. À cet égard, les approches pour enseigner une histoire-problème sont divisées sous cinq catégories quelque peu mal définies (l’approche : hypothéticodéductive, de la découverte, argumentative, empathique et narrative). Cette typologie emprunte des termes fortement connotés, mais les définitions données et les nuances apportées sont insuffisantes. Si l’approche hypothéticodéductive et de la découverte se démarquent, les autres présentent des similarités confondantes qui se basent tous sur une histoire-problème mobilisant certains aspects de la pensée historienne. Néanmoins, les interventions proposées dans l’ensemble de la deuxième partie du livre sauront trouver des preneurs. Elles s’appuient sur un solide corpus de recherche principalement issu des sciences cognitives.

Note critique

Ce manuel parvient à faire un tour d’horizon des divers courants dans les curriculums (actuels et passés) ainsi que dans les pratiques de l’enseignement de l’histoire. Il propose des clarifications essentielles et des pistes d’application généralement opérationnelle. Par exemple, la démarche de planification proposée est pertinente, signifiante et très claire. Elle donne d’excellentes pistes pour quiconque prend au sérieux un enseignement de l’histoire rationnel et réfléchi. Si Martineau adopte à certains égards une posture plutôt (socio) constructiviste, l’ensemble de la démarche et l’accent mis sur l’importance de la conceptualisation par schéma et le traitement de l’information laisse une grande place au cognitivisme.

Conclusion

Ce livre de Martineau est le réinvestissement des travaux de recherche qui ont alimenté les nombreuses publications de ce didacticien québécois. Quelqu’un qui connait l’ensemble de l’œuvre de Martineau n’y verra pas nécessairement l’intérêt, mais pour n’importe quel enseignant d’histoire en formation, il s’agit d’une ressource riche sur les fondements et pratiques de l’enseignement de l’histoire à l’école.